Aujourd’hui c’est prévu que je joue toute l’après midi avec Mack mais ce n’est pas gagné car le matin a quelque peu été délicat entre Daniel et moi ! Pour ne pas changer, j’ai encore fait mon jeu favori : celui de la petite peste. Et comme à chaque fois vu mon insolence, mon cher beau-père m’a punie de sortie. Evidemment je ne compte pas me laisser faire, j’ai un programme de prévu et je compte bien le réaliser même sans l’accord de l’adulte.

Lors d’un retour de vacances, avec maman j’ai eu une discussion sur les bêtises qui resteraient secrètes. J’ai énoncé celles des séchages de cours et maman celles de faire le mur pour voir mon petit copain ou mes amies. Aujourd’hui je compte bien mettre  ces paroles en place : Je sais absolument que Daniel fait une petite sieste en début d’après-midi, j’en profiterai à ce moment là pour descendre dans le jardin et retrouver mon ami.

A l’heure du déjeuner, je mange en silence quelques tartines de chocolat. Quand j’ai terminé je range les pots que j’ai utilisés et mets mes couverts sales dans le lave-vaisselle avant de remonter sagement dans ma chambre. Je me change et m’habille avec un vieux jeans troué aux genoux, un tee-shirt délavé bleu et un pull de la même couleur taché de peinture qui ne part plus. J’attends doucement l’heure à laquelle mon beau-père s’endort et une fois certaine qu’il est bien endormit, je quitte la maison en fermant doucement la porte derrière moi pour faire le moins de bruit possible.

Une fois dans le jardin, je cherche une planque à l’abri du regard de monsieur Reagan avant de prendre la décision de m’installer devant une porte de garage de la maison et ainsi voir mon ami arrivé et partir « loin » d’ici, s’il le souhaite.

Voyant l’heure tournée, je prends place assise devant une des portes de garage bien à l’abri du regard de mon beau-père. Ce serait bête de se faire prendre à seulement quelques minutes de l’heure du rendez-vous. De toute façon si je me fais prendre j’ai une excuse toute trouvée ! La semaine dernière, une rumeur courrait dans les couloirs de l’école… Celle que Mack avait été malade devant tout le monde en classe. Certains se sont moqués, d’autres s’en fichaient… et moi je m’inquiétais car c’est un bon copain. Pour revenir à mon excuse, si Daniel me demande ce que je fais dehors à jouer avec mon ami, je lui répondrai que Mack a été absent à l‘école et que l’institutrice m’a demandé de lui rendre ses devoirs et leçons car elle sait que j’habite dans le même quartier que lui. Je regarde ma montre et remarque qu’il est un peu en retard. Je m’inquiète mais cinq minutes ce n’est pas grand-chose donc je reste à la même place sans trop me préoccuper de son retard.

Soudain je vois une silhouette passée que je reconnaitrai entre mille. C’est celle de mon ami. Celui-ci à l’air perdu dans ses pensées. Intriguée je vais à sa rencontre pour qu’il évite de sonner à la porte, qu’il ne réveille mon beau-père et ainsi m’éviter des ennuis. D’une voix calme mais un peu impatiente je lui dis : « Salut Mack, comment vas-tu ? » Avant de poser un baiser sur sa joue pour lui dire bonjour et de continuer en lui annonçant avec un petit sourire en coin : un petit changement de programme : « Je suis désolée mais on ne pourra pas rester à la maison… Je suis normalement punie mais j’ai fait le mur pour te retrouver et pouvoir jouer avec toi. »

Avançant vers lui, je rattrape rapidement Mack dans l’allée de la maison et lorsqu’il sursaute, je ne peux m’empêcher de rougir et d’être désolée : « Désolée Mack, je ne voulais pas te faire peur. »
 
Après avoir expliqué le petit problème du jour, il me donne son avis. Je rigole et lui pose doucement une main sur son épaule : « Je peux être très gentille mais quand c’est Daniel, mon beau-père, je peux être une vraie petite peste. Je n’ai pas attendu ton arrivée pour lui désobéir… Tu ne déteins pas sur moi Mack. Ne t’inquiète pas. » Dis-je sur un ton d’évidence et un sourire au coin des lèvres. Je l’écoute ensuite me parler de l’endroit où on pourrait aller. Central Park ? Pourquoi pas, mais si on doit prendre le bus, je n’ai aucun sac ni de monnaie donc je ne pourrai pas payer. Je lui souris et doucement lui explique : « Central Park ? C’est une chouette idée mais il faudra y aller à pieds, je n’ai pas prit de monnaie avec moi… » La marche ne me fait pas peur, ce qu’il me fait par contre très peur, c’est de pas rentrer avant l’arrivée de maman qui s’inquiètera totalement de ne pas me voir dans ma chambre et surtout de perdre sa confiance...

Dans l’allée de la maison, nous parlons de Daniel et la tension monte ! Je n’aime pas faire du mal à mes amis, ni à mes proches mais lorsqu’il s’agit de mon beau-père, je campe sur mes positions. Je n’ai pas réussi pour la personne la plus importante pour moi, alors pour les autres je ne fais aucun effort même si ça blesse.

Par mon éducation j’écoute ce qu’il a à me dire même si cela me rend agressive envers lui : « J’arrêterai le jour où il partira… Ou alors prend ma place, tu verras comment il est si gentil ! » Dis-je d’une voix tremblante presque les larmes aux yeux en repensant que jamais mes parents ne se remettront ensembles et comprenant que je serai sûrement mieux à Chicago avec mon père qu’avec maman et Daniel réunit.

A sa dernière phrase, je ne réponds rien et pense à ce que je vais faire. D’une voix plus douce, un peu calmée, je continue mes paroles avec un haussement d'épaules : « Excuse-moi pour toute à l'heure... Je m’en fiche de l’endroit où on va mais je n’ai pas envie que tu dépenses tes sous pour moi. Même si tu en as beaucoup. »