Cette enquête, j'ai été contente de la finir avec mes collègues, surtout lorsque cela concerne l'un des nôtres. Je me sentais terriblement mal pour sa femme et sa famille. Le principal est qu'on lui a rendu justice. C'est une chose que je me suis promis dès que je suis entrée dans l'académie de police : Je veux rendre justice. Le policier chargé de l'enquête de ma mère a l'époque ne lui a pas rendu justice, alors je l'ai fais. Ayant été de l'autre côté, du côté de la famille, je sais ce que ça fait de perdre un membre important pour nous, c'est pour ça que je souhaites rendre justice à chaque personne assassinée.

Lors de cette cérémonie, je m'étais mise dans le fond dans la tenue habituelle pour les enterrements ainsi. Enterrer un collègue n'est jamais une chose facile. Je n'aime pas trop me faire remarquer mais je tenais quand même à être présente. Je le connaissais depuis un moment déjà, il nous arrivait de nous rencontrer en allant prendre un café et de discuter un peu.

Je ne souhaitais pas m'imposer plus que ça. Enfin, ce n'est pas vraiment s'imposer quand on y est convié, mais quand même. Je m'en alla donc, mais sans pour autant me sentir un peu triste. Je ne laisse pourtant rien paraître.

J'entends qu'on m'adresse la parole, je redresse la tête et souris légèrement à cette personne ne m'étant pas inconnue. Heureusement, puisque l'on travaille au même endroit et que je suis sa supérieure. Je ne lie pas d'amitié avec tous le monde, mais j'éprouve du respect pour chacun des officiers.

Bonjour officier Reagan. Je suis restée dans le fond, c'est peut-être pour cette raison. Je vous ai vu, personnellement. Comment vous sentez-vous? Enterrer quelqu'un avec qui on a travailler n'est jamais chose facile...

Pour sûr, ayant déjà du enterrer l'un de mes supérieurs que je considérais comme un père et qui s'est sacrifié pour moi, pour ma vie. Je tenais réellement à lui, il a bien été le seul à m'ouvrir les yeux sur certaines choses. Enfin, cet événement reste douloureux rien qu'en y pensant. Je parle simplement en connaissance de cause.

Je n'ai jamais aimé me mettre trop en avant pour bien me faire voir. Je déteste d'ailleurs ce genre de capitaine qui se met trop en avant, c'est ce que j'ai toujours refusé de devenir d'ailleurs. J'ai toujours eu envie de leur faire redescendre d'un grade. Un capitaine, c'est bien, mais avec son équipe qui le/la soutenant, c'est mieux. Je n'ai jamais voulu qu'un de mes collègues se sente comme un petit toutou faisant tout pour son maître. Non, la police est un travail d'équipe. Certes, je suis leur supérieure, mais je les appelles mes collègues, pas mes larbins comme d'autres l'ont déjà fait.

Je comprends ce que c'est... J'ai du enterrer mon capitaine qui s'est sacrifié pour une raison plus qu'honorable à mes yeux... Enfin, quand un capitaine se sacrifie pour quelqu'un avec qui il travaille, c'est honorable, je trouves. Enterrer un proche n'a jamais été facile. Les collègues non plus, surtout que c'est parfois comme une deuxième famille.

Je marque une petite pause, je n'ai pas non plus envie de fondre en larmes, parce que j'ai beau être humaine, mais pleurer en public, ça j'en suis incapable. Ma fierté en prendrait un coup, c'est vrai.

Et bien, cela va peut-être vous faire rire, mais j'avais aussi entamé des études d'avocate, pour suivre la voie si joliment tracée par ma mère et mon père, mais un événement a fait que j'ai tout plaqué pour devenir flic. C'est toujours difficile d'être du côté de la famille de la victime... Je suis devenue flic après le meurtre de ma mère. Le flic chargé de l'enquête à l'époque n'a pas trouvé le meurtrier alors je l'ai fais moi-même, j'ai rendu justice à ma mère.

Lui dis-je dans un ton très calme. Je ne veux pas qu'il perde de vue que je suis son capitaine, mais je ne veux pas non plus être seulement considérée comme le capitaine. Je n'ai jamais eu honte que mes officiers sachent ce que j'ai vécu, parce que de toute façon, l'histoire a déjà couru. Une flic qui arrête le sénateur, meurtrier de sa mère, ce n'est pas tous les jours. C'est une fierté, mais ça reste douloureux.

J'ai énormément de mal à m'enlever ces images de la tête. Celle où j'ai tué le meurtrier de ma mère en plein milieu du poste de police, celle où j'ai arrêté celui qui a commandité son meurtre, tous ces moments ou j'ai fais l'impossible pour y parvenir. J'ai même failli y laisser ma vie, à l'enterrement de mon supérieur à ce moment là, celui qui a laissé sa vie pour la mienne. Il ne se doutait pas que j'allais me faire tirer dessus à son enterrement par un sniper.

Je reprends rapidement mes idées pour ne pas laisser paraître quoi que ce soit. Les sentiments et moi? Ça fait deux...Au moins. J'ai encore énormément de mal avec tout ça, mais je m'en remet doucement. Il se passe tellement d'autres belles choses que je préfère me concentrer là dessus.

Pas tant que ça non, nous avions le même but, la même raison de devenir flic. J'étais tellement prête à tout pour ma mère, et je tenais à lui rendre justice. Heureusement que cela été fait. On a parfois du mal à comprendre pourquoi justice n'a pas été rendue, quand on se retrouve du côté de la famille. C'est mon but, de rendre la justice. Maintenant que cela été fait pour ma mère, je tente mon possible pour le faire avec tous le monde.

C'est vrai que je suis sa supérieure, mais je n'aime pas pour autant faire croire aux autres qu'ils sont inférieurs à moi. Tous le monde à son histoire, son vécu. J'ai juste appris au fur et à mesure du temps que porter le poids du monde sur son dos seul n'est pas toujours une bonne idée.

C'est certain que ce n'est pas toujours une bonne idée. J'enquêtais seule, enfin pas vraiment...Avec un "ami", allons-nous dire. Mais je ne faisais pas ça lors de mes heures de boulot. J'ai gardé ça à l'écart de mon supérieur. C'est la seule solution que j'avais puisque cet officier avait fermé l'enquête. Oh, ne vous en faites pas, je pense que je vais simplement rentrer au poste.

J'ai toujours préféré ne rien dire, justement par peur de perdre ma plaque. J'ai remis une fois ma démission, mais heureusement, j'ai été rapidement reprise, à ma demande d'ailleurs. C'était une décision prise sur un coup de tête, une décision que j'ai rapidement regretté. J'ai passé une bonne partie de ma vie à faire de boulot et je ne me vois absolument pas travailler ailleurs qu'ici.

Je lui souris, je pensais qu'il allait plutôt rentrer chez lui après cet événement, je ne lui en aurais pas voulu. J'aurais pu, moi aussi, rentrer chez moi, mais je préfère me rendre utile plutôt qu'à ne rien faire.

Je ris à sa phrase. Je n'ai jamais eu peur de le laisser conduire en étant du côté passager. Je reconnais parfaitement bien la menace et je sais que l'Officier Reagan n'en est pas une.

Plus sérieusement, il m'en faudrait plus que ça pour me faire peur vous savez? J'accepte, si cela ne vous dérange pas. Après, ne vous y sentez pas obligé non plus. Je peux aussi rentrer comme une grande. J'ai même le permis de conduire, quel miracle!

Lui répondis-je, à mon tour sur le ton de la blague. Je repense au moment où mon ami m'avait dit qu'il serait temps que je change de voiture parce qu'on était inconfortablement assis sur les sièges arrières, ou que je devrais acheter des gadgets comme le FBI. Ce sont de merveilleux moment que j'ai passé avec lui.

Ne rentrez quand même pas à une heure tardive. Avec cet événement, faire un peu autre chose ou profiter de votre famille ne vous fera pas de mal. Ordre du capitaine.

J'aurais pu être un horrible capitaine, mais ce n'est pas dans mon intérêt ni dans le leur. Je préfère avoir une équipe soudée, pas quelque chose ressemblant à une dictature.

Ce n'est pas parce que je suis capitaine et que j'ai été flic que je n'ai aucun humour ou encore que je ne sais pas rire. Il se passe trop de choses au quotidien que pour tout prendre au premier degré. J'ai bien compris que sa phrase n'était pas méchante, qu'elle est drôle et non méchante. Après tout, je connais quand même un minimum les personnes avec qui je travaille. Même si cela peut sembler être un peu exagéré, je me suis renseignée un minimum sur chacun d'entre eux.

Vous êtes sûr? D'accord alors, je vous suis.

Je le suis ainsi jusqu'à son véhicule de patrouille en l'écoutant parler. Certes, c'est bien d'avoir quelqu'un qui travaille réellement et qui ne trouve pas un prétexte pour ne pas travailler, mais je suis bien placée pour savoir une chose : Il y a des choses bien plus importante que le travail, des choses dont on ne se rend pas toujours compte à quel point elles sont précieuses.

Alors profitez de votre famille un autre jour et reposez vous ce soir, ça ne sera que bénéfique d'être en forme demain, autant pour vous que pour votre entourage.

Une fois arrivée au véhicule, je m'y installe et m'attache, lui laissant le temps d'en faire de même.

J'ai toujours été inquiète de l'état de mes officiers, je ne changerais pas en claquant des doigts et c'est une certitude. L'officier Reagan ne me donne pas de raison d'être inquiète, je veux dire par là qu'il n'a pas compromis les enquêtes que l'on a effectué, il a toujours été très réactif et je ne vais pas non plus m'en plaindre mais c'est ainsi.

Lorsqu'il me répond, je souris. J'étais comme ça aussi, quand j'ai commencé. Je le suis encore maintenant d'ailleurs. Je suis souvent au bureau, il m'arrive même d'y être en pleine nuit. Je n'aime pas être chez moi à ne rien faire alors que je me sens bien plus utile au poste.

Je peux comprendre... J'étais pareille, quand j'ai commencé ce boulot vous savez? Enfin, ça n'a pas changé au fil des années, me direz-vous, mais vous comprenez le fil de ma pensée...Enfin, je l'espère.

J'observais la vue par la fenêtre. D'habitude, c'est moi, la personne au volant. Pour une fois que ce n'est pas le cas, j'en profite pour regarder l'extérieur. Je vois également cet attroupement. Je tourne la tête pour ainsi le regarder.

Allons voir ce qu'il se passe, ce serait préférable et au moins, nous seront certains de ce qu'il se passe. .

Je lui laisse le temps de garer sa voiture avant de me détacher et d'en sortir. Je m'accroupis près du corps, regardant ainsi toutes les preuves et les indices qui pourraient s'y trouver, et pourquoi pas ses papiers d'identité tant qu'on y est? Je cherche le moindre détail pouvant nous aider à savoir ce qu'il s'est passé.

Lorsqu'il me parle, je relève la tête vers lui. Je n'aime pas parler aux gens sans les regarder.

Nous ne sommes pas certains qu'il ait réellement sauté. Quelqu'un pourrait l'avoir poussé, alors nous allons faire ce que nous savons faire de mieux. Si il a réellement sauté, on aura plus rien à faire mais si ce n'est pas le cas, nous mènerons l'enquête.

Pendant qu'il s'occupe de prendre certaines affaires, je regarde autour de moi si il n'y a pas d'informations sur cette personne, comme son portefeuille avec une carte d'identité, ou des clés de voiture pour retrouver cette dernière et peut-être ainsi trouver son permis de conduire. Je regarde toutes les autres informations en même temps, que ce soit des indices, des informations sur la victime, tout. Il est vrai que j'ai passé trop de temps en compagnie d'une amie proche qui est médecin légiste.

Seulement, je n'ai pas trouvé énormément d'informations là dessus. Je le suis, entrant dans l'immeuble et montant chaque marche montant à ce fameux septième étage. Hors du fait qu'il n'y a pas d'ascenseur, je suis aussi en talons, comme à mon habitude. Autant ça ne me dérange pas, mais ça reste plutôt sportif. J'apprendrais de ça, un jour.

Je tourne la tête vers lui pour le regarder avant de lui répondre.

Enfonçons la porte, ne perdons pas de temps.