Je ne m’attendais pas à avoir encore de la visite. Mais il semblerai que ce soit le cas. Je me rend alors en salle des visites. Même s’il porte une capuche je reconnais rapidement le jeune allemand dont j’ai fais la connaissance à BelleVue. Il se lève pour me saluer et moi je lui serre la main avant de prendre place face à lui. Une fois qu’on est assit je lance la conversation. Pourquoi tu te caches ? T’as peur qu’on te reconnaisse ? Tu sais qu’en plus ça sert pas à grand-chose. Je me penche alors un peu pour mieux voir son visage et me fige en le voyant. Putain, mais… qui t’as fait ça ? Sérieusement qui t’as fait ça, Friedhelm ?

Autant qu’il se soit battu dans la rue, j’aurais rien eu à lui redire, juste peut-être lui faire remarquer où je suis aujoud’hui, mais là… il dépasse tout ce à quoi je pouvais m’attendre. C’est… l’enfoiré, va falloir que je lui cause. Je comprends qu’il était furax, mais bordel Bianca est une grande fille et en plus c’est pas un modèle de fidélité. Il pouvait causer au lieu de cogner… Mais c’est quoi cette histoire, d’où tu bosses pour lui ? Pourquoi tu vas bousiller t’as vie avec un type comme lui ? Tu veux finir comme moi ? Hein, c’est ça que tu cherches ? Je me calme enfin. Il fait ce qu’il veut, mais je trouve ça dommage pour lui. Bref… Sinon à part ça tu vas comment ? Tu t’en sors ? Financièrement ? Sinon je peux te filer du fric.

Cette fois je bug carrément. A poils ? Ok, alors en fait tu es soit suicidaire, soit complétement stupide. Je lève les yeux au ciel. Il a raison sur un point, mais il faut que je nuance. Alors j’ai certes bossé avec lui, mais c’est parce qu’il m’a aidé pour des affaires personnelles. Mais c’est pas une raison pour faire comme moi. Sinon tu vas finir en taule et désolé de te l’apprendre, mais je suis pas sûr que tu es la carrure pour le supporter. Il me parle alors du fait qu’il avait besoin d’un job et je ne peux pas le blâmer d’avoir pris ce qui se présentait à lui. Puis il me cause de sa mère et là je me mets à sourire. C’est génial ça. Enfin je suppose, tu le vis comment toi ?

Peut-être que t’es plus un gosse mais crois moi ici tu te ferais bouffer dès la première semaine. Enfin, bref, si tu t’entends bien avec elle c’est le plus important. Une mère c’est hyper important. Mais, pour Bianca, méfie-toi. Je l’aime bien, mais elle a toujours évolué dans le même monde que Nicky, même moi qui est des origines dans ce milieu je la trouve… vicieuse parfois. Maintenant tu dis savoir te défendre et regarde ta tronche, tu fais peur à voir, franchement. Je me redresse et penche légèrement la tête sur le côté. Et sinon, tu fais quoi pour Nicky ? En gros hein, je me fiche des détails, mais s’il te fait faire le même boulot que moi je faisais je lui en met une.

Ok donc tu lui sert de videur en gros… bon j’aurais préféré que ce soit ailleurs que là-bas, mais bon qu’est-ce que tu veux j’ai des rêve un peu fou parfois. Par contre je te préviens si je te vois ici, ailleurs que dans cette pièce… que t’ais 30 piges ou pas je t’en colle une. On est d’accord ? Je lui souris un instant avant de redevenir sérieux. En tout cas, je suis content de te voir. Surtout qu’à part ta tronche t’as l’air d’aller plutôt bien. Et puis ça me fait du bien. Parce que putain qu’est-ce que je m’emmerde ici…

Il me dit qu’il comprend, même si je me demande s’il m’en croit vraiment capable. Enfin bref. Friedhelm me propose alors de me ramener des trucs. Je lui lance alors un sourire et ricane un peu. Écoute pour ça je n’aurais pas besoin de toi. J’ai déjà quelqu'un pour ça. Une femme assez jolie je dois dire. Elle vient me voir souvent et me ramène ce qu’il faut. Mais c’est gentil de demander. Puis avec de la chance je pourrai sortir en conditionnelle dans 4 mois. Si je me tiens à carreau bien sûr. Ce qui est compliqué je dois dire.

Je ne sais pas si j’ai trouvé, mais disons que je commence à sérieusement tenir à elle et pourtant on ne se voit qu’ici. Mais tu vois. Elle est adorable avec moi et me considère pas comme un taulard. Elle à même proposé de m’héberger quand je sortirai… Je pense un instant à Ellie sans pour autant lui dire qu’elle est agent fédéral. Ça pour l’instant je le garde pour moi. Il me demande alors ce que je compte faire une fois dehors. Honnêtement je pense que je vais rester tranquille pendant ma conditionnelle si je peux sortir. J’ai pas vraiment envie de passer le reste de mes jours ici. Après. Je sais pas. Mais je resterai dans les affaires. Mon oncle d’Italie aura peut-être besoin de moi ici… enfin quoi qu’il arrive on bossera peut-être ensemble. Comme ça je pourrai te surveiller plus efficacement…

Sa remarque me fait sourire, c’est vrai qu’Ellie doit tenir à moi pour me proposer une telle chose. Mais on se connait à peine. Enfin, il enchaine alors en me faisant rigoler un peu. Je le considère plus comme un petit frère que comme un fils, mais au moins il semble avoir compris. Ou pas, parce que le voilà qui me demande si je pourrais avoir de la place pour lui. Ecoute, si tout se passe comme prévu je serais suffisamment indépendant pour recruter qui je veux. Alors si jamais c’est une vie qui te conviens, bien sûr que j’aurais une place pour toi. Mais faudra attendre un peu, alors soit pas tôt pressé non plus.

Et voilà, encore une visite de terminée. C'est horrible comme ses moments passe vite. Beaucoup trop vite. Contrairement à mon passage à l’hosto quand je me suis fait casser la gueule. En tout cas pour le coup c’est moi qui débarque devant Friedhelm avec un coquard et le nez pété. Bien sûr il ne lui en faut pas plus pour me lancer une petite pique. Je ricane un instant avant de le regretter et de faire une grimace de douleur. Ouais King Kong et ses potes… mais la dernière fois que j’étais là c’est lui qui avait bouffer le sol… c’est juste une vengeance quoi. Mais toi ? Comment tu vas ?

Comme il s’installe en face de moi, Friedhelm me fait glisser un paquet de cigarette que je planque tout de suite en lui faisant un signe de la tête en remerciement. Si je souris comme il me parle du fait de loger chez sa mère, mon visage se ferme comme il évoque Nicky. Je me crispe un peu plus encore quand il me parle des TIG qu’il doit faire. Je devrais t’en mettre une, putain. J’ai parlé un peu plus fort que ce à quoi je m’attendais et jette un coup d’œil vers les gardiens histoire de voir si l’un d’eux décide à venir vers moi. Mais rien. Alors je me penche vers mon ami et reprends un peu plus doucement. Qu’est-ce que tu as fait ? Qu’est-ce qu’il t’a demandé de faire pour lui ? J’ai besoin de savoir quoi lui reprocher si un jour je le recroise. Puis d’ici là j’aurais peut-être le même rang que lui alors je ne craindrais plus de lui tenir tête, mais ça c’est une autre histoire.

Tu as quoi ? J’arrive pas à y croire. C'est lui qui à causé la panne ? Je m’adosse à la chaise et ressers mes poings sur la table. Tu te rends compte que je me suis fait tabassé à cause de cette putain de panne. Mais qu’est-ce qui t’as prit ? Cette fois je n’ai pas pu m’empêcher de crier et un des gardiens de venir en me disant de baisser d’un ton si je ne veux pas retourner en cellule directement. Je lève les mains en signe de coopération. Une fois qu’il me laisse tranquille je me tourne à nouveau vers Friedhelm. J’espère que tu vas arrêté tes conneries avant de finir en taule.

Ce qu’il pensait être bien sur l’instant ? Non, mais il est pas sérieux quand même ? On dirait que si. Je soupire avant de me passer la main sur le visage, évitant les zones douloureuses. Il me promet de faire profil bas, mais je ne le sens pas convaincu. En même temps je suis pas un modèle de vertu alors je peux pas vraiment lui en vouloir d’avoir pris goût à cette vie-là. Seulement, il me perd un peu avec sa question. Comment ça les types qui me cherchent ? Tu veux parler des gars qui m’ont fait ça. Je montre mon visage tout en lui demandant avant de reprendre. Ou alors tu as entendu parler d’un truc dehors ? Parce que ça m’étonnerais pas en fait. Je ne sais pas si je fais bien d’aborder le sujet avec lui, mais bon, je lui fait confiance, même si je ne sais pas si je dois.