Quel monde de chien ! Je me suis fait avoir avec une facilité déconcertante. Des tueurs pros s’en sont pris à moi alors que je me trouvais dans une voiture de police. Les flics n’ont même pas eu le temps de réagir que me voilà avec une balle dans le bras et une au niveau du rein gauche. Heureusement les balles ne m’ont pas touché à la tête ou à la gorge, quoi qu’une balle m’ait frôlé la nuque. Je ne sais pas si je dois compter sur ma chance ou sur la malchance des deux gars sur la moto. Toujours est-il que je suis dans une ambulance se dirigeant à toute vitesse vers l’hôpital. Moi je fais tout mon possible pour calmer mon cœur, pour ne pas perdre connaissance. Je pense à ma fille. Ma chère Sofia, ce qu’elle deviendrait sans moi. Cela m’aide à tenir le coup. La douleur est insupportable. A tel point que je ne parviens même pas à la décrire.

L’ambulancier avec moi me signale que nous arrivons à l’hôpital. Il me demande de tenir encore le coup, de m’accrocher. Il est marrant lui, qu’est-ce qu’il croit que je fais depuis qu’ils m’ont pris en charge. Mais je ne lui en veux pas. Il ne fait que son travail. L’ambulance fini par ralentir jusqu’à s’arrêter complétement. J’entends des portières qui se claquent et les deux portes arrière viennent s’ouvrir. Les secouristes tirent le brancard pour le sortir du véhicule et le font rouler jusqu’à l’intérieur de l’hôpital où une équipe de médecin nous attend. Tout ce que je vois alors c’est une jeune femme qui me prend en charge à ce moment. Elle est plutôt jolie et elle a ce je ne sais quoi de rassurant. C’est fou comme quand notre fin est proche ont s’accroche à de petits détails qui peuvent paraitre insignifiant le reste du temps. C’est à ce moment que je me rends compte que je murmure sans arrêt le prénom de Sofia. On me demande qui elle est et je réponds doucement que c’est ma fille. C’est un peu comme si je revenais à la réalité après avoir déliré pendant le trajet. La douleur me joue des tours sans doute. Je me retrouve rapidement en salle de déchoquage comme il l’appel. La salle où tu sais que ça va mal quand tu t’y trouve. Autre détail qui me saute alors aux yeux, ma chemise ouverte n’est plus d’un blanc immaculé, mais d’un rouge foncé qui ne présage rien de bon pour moi. J’espère sincèrement que la médecin pourra faire quelque chose pour moi. Pas que je pense ne pas mériter de mourir, ça non au contraire. Mais ma fille serait perdue sans moi et je ne veux pas imaginer ce qui pourrait lui arriver. Et puis je suis trop jeune pour mourir…

Je me retrouve entre les mains d'un certain docteur Reagan. Elle me fait sourire avec sont satisfaits ou remboursé. Mais je n'ai pas vraiment l'envie de rire pour le moment. La douleur est trop forte. A tel point que je gémis comme ils me change de brancard. Je cesse enfin de répéter le prénom de ma fille comme elle tente de me rassurer en me disant que je vais la revoir. Mais je ne veux pas qu'elle me voit ainsi affaiblis. On découpe ma chemise tandis qu’une infirmière me pose une perfusion. Très rapidement j'ai l'impression de planer dans un autre monde. Mais au moins la douleur est moins présente.

Une fois ma chemise ouverte la médecin peut voir que le plus important saignement vient du niveau de mon rein gauche. Ce n'est pas comme dans les films. Il n'y a pas du sang partout. Mais un mince filet de sang qui coule en continu. J'ai déjà perdu pas mal de sang, mais pour l'instant cela ne me fatigue pas trop. Ou alors je suis trop faible pour m'en rendre compte. Il y a toujours un moment ou le cerveau se protège en disjonctant.

La blessure à mon bras est plus superficielle que grave tout comme celle dans ma nuque. On peut dire que j'ai de la chance. Un officier de police attends devant la salle. Ils ne me lâche pas du regard mais ne rentre pas dans la pièce et laisse l'équipe médicale s'occuper de moi. Je sens que je vais être bon pour l'opération. D'autant que je ne sais même pas si la balle est ressortie ou pas…

Alors on va être clair, je n'aime pas du tout ce que j'entends. Certes j'ai moins mal et je suis en même temps un peu shooté, mais pour l'instant je vois ce qui se passe. Mais je n'aime pas du tout l'idée de perdre totalement le contrôle, même pour ma vie. Alors quand elle me parle d'opération je lui prends le poignet en lui demandant de ne pas me faire monter. Je vais même jusqu'à lui dire que je veux d'abord savoir que ma fille est en sécurité.

Seulement, ça ne se passe pas comme je voudrais et je suis tout de même monté au bloc et opéré. Doucement, je me réveille, dans une salle à part. Avant que ma vue ne revienne complétement je distingue un policier devant la porte ouverte. J'appuie alors sur le bouton d'appel d'une infirmière. Celle qui c'est occupé de moi à mon arrivée vient voir et part chercher le médecin. Je n'attends pas longtemps avant de la voir arriver. Elle semble assez contente et j'en déduit que mon rein n'a rien. Certainement beaucoup de chance.

- Docteur Reagan... ma fille ? On vous a donné des nouvelles ?

J'essaye de bouger un peu et sent les points de suture dans mon dos se tendres. Qu'est-ce que je peux être con des fois.

- Alors... si je suis là c'est qu'il y a plus de peur que de mal, je me trompe ?

Je rêve ou je viens de me faire engueuler comme un gosse. Je soupire un peu avant de me caler correctement. Sofia ne répond pas au coup de fil. Mais comme elle dit rien de plus normal quand on a cette âge là. Je me dit que cela veux aussi dire qu'elle est en sécurité. Sinon elle aurait eu des nouvelles. De mauvaises nouvelles. Elle me rassure aussi sur le fait que la balle a été retirée et qu'il n'y a pas trop de casse.

- Combien de jours ? Je vais bien. Je peux faire venir une infirmière à domicile. C'est pas comme si j'avais pas les moyens.

Ok j'essaye vraiment de négocier, en même temps c'est dans ma nature. Et puis je me sens vulnérable ici. Même avec mes gardes du corps et le flic devant la porte…

La médecin me dit que je resterais au moins quatre jours, avant de pouvoir rentrer chez moi. Quatre jours où ma fille sera seule. Je trouve cela trop long, mais je ne râle pas. Je me cale un peu mieux avant de reprendre.

- Je peux faire venir des repas... C'est que la nourriture d'ici elle est pas top.

Bon d'accord j'exagère un peu. Ils font quand même des efforts pour distribuer une nourriture de qualité. Et puis de toute façon je ferais ce que le médecin me dira. Je suis peut-être un négociateur, mais je sais me montrer raisonnable quand il le faut. Et puis je veux sortir vite pour me venger vite. Pas tellement pour moi, mais ils ont osé mettre ma fille en danger. Et ça je ne le permettrais pas. On ne touche pas à ma Sofia. Seulement rien que le fait d'y penser cela m'énerve au plus au point et mon coeur commence à battre plus vite. Je me calme alors et fixe la toubib.

- Vous avez des enfants docteur ? Parce que moi je n'ai plus que ma Sofia et ceux qui m'ont fait ça on cherché à s'en prendre à elle. Heureusement que je paye des gardes du corps pour elle et que la police a agît vite. Je pourrais faire n'importe quoi pour elle.

Elle n'a pas tord. Je sais que je devrais être plus présent pour Sofia. Mais avec mes activités c'est un peu compliqué.

- Je sais que je devrais être un peu plus avec elle. Je fais ce que je peu avec mon travail, mais je sais qu'il lui arrive de se sentir seule.

Je regarde la toubib un instant avant de faire redescendre un peu la tête de lit.

- Je gère un fond d'investissement et je manipule des tonnes d'argent chaque jours. Ça ne plaît pas à tout le monde et je dois reconnaître que cela nous met en danger ma fille et moi. La preuve, on a essayé de me tuer.

Je réfléchis un instant à ce que je vais pouvoir dire ensuite.

- Écoutez. Je vis seul avec ma fille. Si on oublie les gardes du corps. Sa mère... c'est un peu compliqué. Je travail dur et je ne suis pas autant à la maison que je le voudrais. Mais si vous avez une solution je suis preneur.

Mon dieu si seulement c'était si facile.

- Vous savez,dans mon domaine on ne se retire pas comme ça. Et puis mes ennemis ne me laisserons pas en paix parce que j'arrête tout. En attendant mon argent me permet de payer mes gardes du corps.

Je marque une pause avant de reprendre.

- Je suis entrer dans ce cercle vicieux avant même sa naissance et maintenant si j'en sors je la met encore plus en danger que maintenant. Alors à choisir je préfère la savoir en sécurité. Puis je ne suis pas complétement absent de sa vie, je fais tout pour être à la maison le plus possible, même si c'est compliqué. Ne croyez pas que c'est facile pour moi.