J'avais eu un appel concernant une victime retrouvée morte. Heureusement que j'étais, comme à mon habitude, arrivée au poste bien plus tôt que prévu. C'est à peine si je ne vis pas ici. Enfin, je me mets en route avec plusieurs collègues afin d'aller examiner cette affaire de plus près, que ça soit au niveau des caméras de surveillance, le voisinage, l'identité de la victime, comment elle est morte et quand ainsi que d'autres informations nécessaires au bon fonctionnement de l'enquête en cours.

On arrive là bas et s'occupe de faire le nécessaire, que ce soit au niveau de la victime ou du tueur. J'ai toujours  voulu rendre justice aux familles des victimes et ce n'est pas aujourd'hui que cela changera, que du contraire. Alors qu'une partie de mon équipe s'occupe de relever tout ce qui pourrais nous aider, je m'occupe d'examiner la victimes avec des gants pour éviter de laisser de l'ADN, ce qui, avouons le, serait une erreur qu'on ne ferait même pas en première année à l'académie de police. Enfin, un homme du FBI arrive. Je le vois arriver de loin pour reprendre l'enquête.

Capitaine Beckett, je m'occupe de gérer le douzième. Je me doutais qu'elle n'était pas morte ici, il y a trop peu de sang pour une blessure aussi importante. Elle est morte ailleurs, mais nous ne savons pas encore où ce drame est arrivé. J'ai déjà entendu parler de cette affaire concernant l'homme aux rubans, en effet.  

Je soupire lorsqu'il dit que le FBI reprend l'enquête. Encore une fois, je le sentais arriver de loin mais je ne peux rien y faire, ça ne ferait qu'empirer la situation. Moi qui ait été au FBI, je trouvais ça mieux de reprendre l'enquête que de me la faire retirer, c'est une certitude, mais j'y suis resté que trop peu de temps. Rien ne me convenait mieux que ma place dans la police, cet endroit que je considère comme une seconde maison.

Je ne me plains donc pas, l'écoutant lire ce message à voix haute. Une chose était sûre, cette enquête n'est pas à prendre à la rigolade pour lui. Il est sûr que je ne prends pas ça à la rigolade non plus, mais ça semble le toucher de plus près que moi. Avant que je n'ai pu prononcer quoi que ce soit, il me dit qu'on va devoir faire équipe. Finalement, mon enquête ne m'est pas totalement reprise, même si je sais que le FBI est prioritaire et qu'ils ont souvent une longueur d'avance sur nous, le NYPD.

Je le regarde ensuite avant de lui répondre. Il semblerait bien oui. J'ai travaillé peu de temps pour le FBI, je sais comment tout ça fonctionne et je ne vais pas aller m'amuser à essayer de travailler dans votre dos. D'accord, allons donc boire ce fameux café. Je vous suis.

Arrivés dans mon café préféré, je m'installe à une petite table un peu plus à l'écart du reste. Pour discuter sans que tous le monde puisse entendre, je trouve que c'est l'endroit idéal.

A vrai dire, j'ai été virée, mais je m'en doutais. J'ai pris des risques sur une affaire. J'ai voulu rendre justice, quitte à perdre mon boulot. J'y suis restée à peine quelques mois à vrai dire. Je dois admettre que mon poste au NYPD me manquait terriblement malgré tout. Quant au mari et aux enfants, je ne suis ni mariée, ni en couple, et je n'ai pas d'enfants. Il n'y a que moi. Lui dis-je, avec un léger sourire.

J'ai vécu énormément de choses durant mon boulot au NYPD, des choses agréables et d'autres beaucoup moins. J'avais mes motivations pour devenir flic, j'ai terminé le boulot qu'un autre flic avant moi a été incapable de clôturer, quitte à avoir failli y perdre la vie plus d'une fois d'ailleurs. Le principal est que cette affaire est résolue et qu'en plus de ça, je suis toujours là, debout et prête à affronter ce que l'avenir me réserve.

Enfin bref, je tiens à en savoir un peu plus sur lui moi aussi, je décides donc de lui poser à mon tour quelques questions assez simple, assez pour en apprendre un peu plus sur lui.

Et vous, depuis combien de temps vous faites ce boulot? Et pour quelles raisons? Si ce n'est pas indiscret bien évidemment, si ça l'est, je m'en excuse d'avance et je comprendrais également que vous n'y répondiez pas. On sait jamais, c'est peut-être trop personnel pour vous.

Je l'écoute attentivement me parler de cette enquête, mais je sais déjà ce qu'il me raconte grâce aux preuves que j'ai pu trouver sur les cadavres des femmes qu'il a assassiner. Je prends mon café pour en boire à mon tour une gorgée avant de répondre à tout cela.

J'en sais autant que vous, à vrai dire. Il fait attention à ce qu'il laisse derrière lui puisqu'il n'y a jamais aucune douille retrouvée près des corps. Il les déplace, on ne sait donc pas où cela s'est passé. Je peux vous assurer que ce n'est pas un petit gamin qui organise son premier cambriolage, par exemple. Il est expérimenté, énormément. Vu ce qu'il a fait aux victimes, il n'en est pas à son premier coup. Il a du faire ça auparavant et nous découvrirons bien entendu le coupable. Oui, bien sûr. Passez à mon bureau et je vous les donnerais. Je préfère donner ces dossiers en mains propres, si cela vous va?

Je pouvais parfaitement comprendre qu'il ne répondes pas à mes questions. A vrai dire, ce n'est pas au premier venu à qui j'irais expliquer toute mon histoire en expliquant également le pourquoi du comment j'ai rejoins la police. Moi aussi, avant toute cette histoire concernant ma mère, je voulais devenir avocate. Le flic qui gérait l'affaire a été incapable de la résoudre alors j'ai fais ce qui me semblait être la bonne chose à faire, c'est à dire rejoindre l'académie de police et devenir flic. Je me rappelle même de mon chef, à ce moment là, qui me regardait faire mes premières heures supplémentaires et tout ça pour gérer l'affaire de ma mère. C'est toujours difficile de savoir que la personne ayant tué quelqu'un nous étant proche est toujours dans la nature, je suis bien placée pour le savoir après toutes ses années, mais quand on le retrouve nous-même et qu'on l'arrête, c'est encore mieux. J'ai rendu justice à ma mère, c'est tout ce que je voulais. Maintenant, je rends justice aux victimes et à leurs familles, du moins, je fais mon possible pour y parvenir.

Je descend finalement de mon petit nuage, si je puis dire, et récupère mon café pour le suivre hors de l'établissement. Je pensais énormément à cette enquête, plusieurs questions se bousculent dans ma tête, des questions que je ne lui poserais pas puisque cela semble être une corde sensible que je ne tiens pas particulièrement à toucher. Si il tient à m'en parler, il le fera, mais je ne vais pas insister. Je me demandes juste pourquoi cette enquête semble le toucher d'aussi près.

C'est dans un silence des plus total que je le rejoins. Il m'explique donc qu'il va prévenir ses supérieurs. Je hoche la tête, simplement, avant de lui répondre.

C'est certain que ça leur évitera des recherches inutiles alors qu'on sait où il se trouve. Je vous laisse les prévenir, prenez votre temps.

Une fois installée dans la voiture, je m'attache et lui donne des indications pour rejoindre le poste que je considère comme une seconde maison, comme mon autre chez moi et avec ces gens auxquels, je l'avoue, je tiens énormément. Il décide finalement de se dévoiler un peu. Je l'écoute sans l'interrompre. Je peux comprendre qu'il est difficile pour lui de se dévoiler ainsi, j'avais aussi énormément de mal et c'est toujours le cas à l'heure actuelle, malheureusement. Je baisse la tête au fil de son histoire, me sentant touchée. Mais si je me sens aussi touchée, c'est parce que nos histoires sont similaires, en modifiant quelques petites informations et en enlevant d'autres. Ne sachant pas par quoi commencer, je marque une courte pause avant de commencer à parler.

Je peux comprendre, vous savez. Peut-être plus que vous ne l'imaginez d'ailleurs... Sachez que nos histoires ne sont pas aussi différentes. Moi qui pensais le contraire, je me suis trompée et ça arrive. J'avais en tête de devenir avocate, comme mes parents. Seulement, elle s'est occupée de choses dont il ne fallait pas, d'affaires trop importantes. Ils n'ont pas hésité à lui enlever la vie. On allait au restaurant, avec mon père. Ma mère était sensée nous rejoindre, mais elle n'est jamais venue. Nous avons donc décidé de rentrer, mais un flic nous attendait sur le pas de la porte, nous annonçant ainsi qu'elle avait malheureusement été retrouvée sans vie dans une ruelle abandonnée...

Je marque une courte pause. J'ai encore énormément de mal à en discuter à l'heure actuelle, mais puisqu'il s'est ouvert à moi, je tiens à le faire envers lui également. Je tourne donc la tête vers lui pour le regarder, avant d'enchaîner.

Au fil du temps, mon père est devenu alcoolique. Je me suis énormément occupée de lui pour ne pas le laisser plonger.  Il s'en est sorti, et heureusement, mais le flic chargé de l'affaire ne retrouvait pas le meurtrier... C'est pour ça, que je suis devenue flic. Mes premières heures supplémentaires, les premières parmi une bonne centaine, étaient destinés à résoudre cette enquête. C'est après plusieurs années que j'ai su retrouver son meurtrier, que je l'ai fais aller en prison. Alors oui, je comprends votre motivation à intégrer le FBI et à résoudre cette enquête mieux que personne. On le retrouvera, ne perdez pas espoir. Vous rendrez justice à votre sœur.

En voyant qu'on était arrivé, je remets aussi cette sorte de masque, ce derrière quoi je me suis toujours protégée de mes sentiments ou quoi que ce soit d'autre qui puisse s'en rapprocher. Je n'ai pas l'habitude d'afficher mes sentiments devant mes collègues et ça ne changera pas aujourd'hui. Je sors finalement de la voiture après m'être détachée. Je rejoins donc le poste que je dirige, lui montrant le chemin pour arriver jusqu'à mon bureau.

Il est certain que lui et moi nous comprenons mieux qu'on ne l'aurait pensé à notre rencontre. Je n'aurais pas pu imaginer qu'il a vécu des choses similaires à moi. Après, ça nous permet de mieux nous comprendre l'un l'autre. On fait des choses similaires, avons vécu des choses qui se ressemblent. On est forts, lui comme moi. Ce genre de choses forgent souvent le caractère. Même si lui avait sa famille et que j'ai du m'occuper de mon père, que j'ai retrouvé le meurtrier de ma mère et que lui est sur les traces de celui de sa sœur, on se ressemble plus que je voudrais l'admettre.

Je m'installe en face de lui, l'écoutant lorsqu'il commence à parler. Je dépose en même temps tous les dossiers nécessaires au bon fonctionnement de l'enquête devant lui. Je lui offre ensuite un léger petit sourire avant de commencer à parler.

On a énormément en commun oui, je n'imaginais pas qu'on avait vécu une histoire similaire avant que vous me parliez un peu plus de vous. D'un côté, nous pouvons nous comprendre. Je pense qu'on est fait pour s'entendre, oui. Je n'en demanderais pas mieux d'ailleurs, et vous?

Pour une fois que je ne fais pas dix pas en arrière, c'est un miracle. Je suis plutôt bien décidée à changer ma manière d'être habituelle et à être un peu plus sociale envers les gens qui m'entourent. Sortir un peu de ma zone de confort ne me fera pas de mal, pas vrai?

Enfin, il me pose ensuite une question concernant l'enquête à laquelle je réponds en étant très sûre de moi.

Oui, j'ai demandé une analyse des chaussures, je le fais toujours par sécurité, ce sont souvent des choses qu'on ne fait pas, malheureusement. Les résultats sont indiqués dans le dossier si cela peut vous aider. Faites comme chez vous, regardez tous dans les détails.

Je m'étais installée confortablement, buvant une gorgée du café qu'on avait emporté. Il était un peu refroidit depuis, mais ce n'est pas quelque chose qui me gêne. Je remarque que son arme et son badge sont visibles, mais vu que j'en suis entourée, ça ne me choque pas du tout.

Il me pose ensuite une question. Je lui souris, lui répondant un peu plus gentiment que je le ferais d'habitude envers quelqu'un d'autres.

Il y a des hôtels oui, mais si vous préférez, je peux vous laisser ma chambre et occuper le canapé. D'un côté, ça m'obligerais à rentrer sans faire d'heures supplémentaires, pour une fois.