J'avais besoin de réfléchir, j'avais l'impression que ma vie ne m'appartenait plus, les choses allaient trop vite et semblaient vouloir se bousculer. Il y avait eu cet accident de la route ou j'avais failli y laisser ma vie et voilà maintenant que l'on avait tenté de me tuer, c'était trop pour moi … je sentais que je commençais à craquer. Ne parvenant plus à trouver le sommeil , tellement je pouvais être hanté par ce qui m'arrivait, je décidai d'effectuer une sortie nocturne. Bien entendu mon nouveau garde du corps n'hésita pas à me faire réaliser le caractère irrationnel de la chose mais étant un obstiné de première je lui fis comprendre que ma décision était prise.

Vêtu sobrement, soit d'un jeans et d'un t-shirt, je demandai à mon chauffeur et garde du corps de me laisser au starbuck. Bien que je lui avais fortement suggéré de me laisser seul ce dernier insista pour rester et j'acceptai qu'à la condition que sa présence soit discrète.

Après avoir commandé un café et un croissant je m'installai à une table bien déterminé à profiter de ce léger moment de répit.

Toute ma vie je m'étais demandé ce à quoi pouvait ressembler la vie lorsque un individu était porté au pouvoir, c'est probablement ce qui m'avait fortement incité à tenter de m'approprier ce dit pouvoir. Bien évidemment j'avais longuement maudit la politique pour ce qu'elle avait fait à ma famille mais avec les années j'en étais venu à réaliser que ce n'était pas le pouvoir politique en tant que tel qui était néfaste mais plutôt l'attitude des hommes et femmes qui acceptent de se laisser corrompre par un tel pouvoir. Pour ma part j'apprenais de plus en plus , à la dure, que le prix à payer pour occuper une telle fonction était grand et par moment je me demandais si ce prix en valait la peine … je me sentais si seul, totalement isolé et ces menaces qui planaient à mon encontre ne pouvaient que m'emmener à douter d'avantage.

J'avais l'impression de porter le poids de toute l'humanité sur mes épaules et je commençais à trouver le tout un petit peu trop lourd c'est ce qui m'avait poussé à vouloir faire une petite sortie en mode incognito. Évidemment mon nouveau chauffeur , et garde du corps, ne l'entendait pas ainsi et voyant qu'il n'arrivait pas à me ramener à la raison il décida de m'accompagner. Arrivé sur place il me laissa m'installer et il en fin de même tout en demeurant en retrait … je ne voulais pas non plus attirer l'attention.

Songeur je réfléchissais à certains trucs, peut-être même un peu trop, et c'est alors que j'entendis une voix s'adressant à moi. Souriant à la charmante jeune femme je fis un signe de la main à mon garde du corps l'invitant à demeurer là ou il était. Bonsoir Miss Ryan. Elle avait un de ces regards. Je me souvenais de notre rencontre alors qu'elle était d'office pour mon shooting et j'avais plus qu'apprécié sa compagnie. Vous désirez vous joindre à moi?

Il ne fallait pas en tenir rigueur à mon nouveau chien de garde après tout il était vrai que l'on avait tenté de ne tuer à quelques reprises , il était donc justifié de se montrer craintif mais pour ma part je ne voyais pas de quelle façon la jolie Jaycee pouvait représenter le moindre danger me concernant c'est pourquoi je m'efforçai de lui faire comprendre qu'il pouvait se détendre et relâcher quelque peu la pression. L'invitant à me rejoindre je ne pus que lui sourire lorsqu'elle répondit positivement à mon invitation.

La regardant se lever pour ensuite venir me rejoindre et s'installer en ma compagnie je ne pus que lui sourire. Sa question était plus que pertinente mais je ne savais pas trop comment y répondre, c'est que ma vie était plutôt agitée ces derniers temps.

C'est qu'il s'en est passé des trucs dans ma vie ces derniers temps, les journaux d'ailleurs en ont fait leurs délices, mais je me porte bien c'est gentil de vous en soucier. Et vous?

La réponse que me servit Jaycee ne fût pas m'amuser, d'une certaine façon je n'étais pas sans en apprécier la franchise et la spontanéité. Rare étaient les gens qui me donnaient l'heure juste, je ne pouvais donc qu'apprécier une réponse se voulant aussi franche et sincère. Vous n'avez pas à vous en excuser, il est vrai que les gens ont d'autres choses à faire que de passer leur temps à parcourir les grands titres des journaux … et puis de toute façon il est parfois difficile d'y démêler le vrai du faux tellement les articles peuvent s'avérer biaisé. Étant de nature à m'intéresser aux gens et à leur vécu je ne pus que sourire lorsqu'elle me dit qu'elle se portait bien. Je suis ravi d'apprendre que votre acclimatation se déroule bien et que vous parvenez à vous intégrer parmi nous. J'appréciais cette discussion , même que j'en oubliais la présence de mon nouveau chien de garde.

Je ne pus que lui adresser un sourire empreint d'un large relent de reconnaissance, peut être même de gratitude, après tout il était tout de même rarissime de nos jours de voir une personne préférer se forger sa propre opinion plutôt que de gober ces âneries – et autres calomnies – que se plaisaient à colporter les médias de nos jours. Superficialité quand tu nous tiens. La superficialité voilà ce qui est entrain de mener le genre humain à sa perte … les gens ne prennent plus le temps de se forger leur propre opinion mais heureusement il y a encore quelques exceptions.

La regardant ensuite s'emparer de la carte je ne pus que lui sourire de nouveau au gré de ses propos. Je ne peux que souligner une telle capacité d'adaptation je ne sais pas si je saurais en faire autant. Je savais pertinemment me montrer humble, je n'aimais pas les gens qui prétendaient être une personne qu'ils ne sont pas. La belle me montrant la carte, qu'elle avait en main, je ne pus que lui adresser un sourire taquin lorsqu'elle me demanda si j'avais déjà commandé. J'ai tout ce qu'il me faut. Lui dis-je en lui désignant de mon index mon café et mon croissant. Cependant je vais peut-être me laisser tenter par une de leurs pâtisseries hyper riches en calories. C'était mon péché mignon après tout.

La jeune femme se voulait d'agréable compagnie, je ne pus que lui sourire lorsqu'elle se permit d'approuver mes propos poussant même ma réflexion un peu plus loin. Ne rétorquant rien à ce qu'elle venait de dire, je n'en voyais pas l'utilité, je n'en étais pas moins touché par le compliment qu'elle venait de tenir à mon égard. Merci c'est gentil, c'est un compliment que je ne peux que vous retourner.

Je comprenais parfaitement ce qu'elle voulait dire, il m'est souvent arrivé d'envisager tout plaquer afin d'aller refaire ma vie sous des cieux plus clément mais, contrairement à elle, je n'en avais jamais eu le courage. Il faut savoir aller de l'avant, il ne sert à rien de regretter nos erreurs du passé après tout ce n'est pas comme si l'on pouvait tout effacer … ce qui est derrière nous est immuable alors que le futur nous pouvons le modeler en fonction de nos désirs. D'une certaine façon j'avais l'impression que nous étions sur la même longueur d'onde elle et moi.

La jolie jeune femme, prenant possession de la carte, fini par me demander si j'avais commander et c'est alors que je me laissai aller à exprimer le désir de céder à la tentation de l'une des pâtisseries maison. En effet ce serait criminel de résister à de tels délices. J'étais amusé par la situation qui prévalait à ce moment. Et puis de toute façon vous pouvez parfaitement vous le permettre, ce n'est pas comme si vous aviez plusieurs kilos en trop. Riant de bon cœur je ne pus que m'imaginer la tête de ma conseillère en communication si elle avait entendu ce que je venais de dire … il y a fort à parier qu'elle m'aurait réprimander.

Il y a de ces moments ou j'avais l'impression d'être perdu et de nager à courant tellement tout semblait vouloir se retourner contre moi, les événements des derniers jours m'ayant emmené à remettre des tas de trucs en questions dont la pertinence de continuer à occuper mes fonctions sénatoriales. À quoi bon persister si je devais payer de ma vie le prix de mon audace et de mon intégrité? D'une certaine façon j'étais d'avis qu'un tel risque n'en valait pas le coup. Cependant le fait de passer un moment avec Jaycee avait réussi à me persuader du contraire et à me réconcilier avec mes idéaux … si je pouvais contribuer à améliorer la vie d'un seul de mes concitoyens alors les sacrifices que je m'imposais en valait la peine.

Je ne pouvais qu'être d'accord avec ses propos. En effet l'important est d'en tirer une leçon afin de ne pas répéter les mêmes faux pas. Il faut dire que j'en avais commis quelques uns dont je n'étais pas fier. Personne ne peut prétendre connaître l'avenir, ce serait plus que présomptueux mais je suis persuadé qu'en déployer les bons efforts vous ne pourrez que parvenir à vos fins.

Continuant de discuter avec la jeune femme, à propos des délices que pouvait offrir l'endroit ou nous nous trouvions, je ne pouvais que lui adresser un sourire amusé par la teneur de ses propos. En effets les apparences peuvent, du moins par moment, s'avérer plutôt trompeuses. Tant que l'on arrive à dépenser ces vilaines calories que nous ingérons la situation n'est pas catastrophique. Attendant patiemment l'arrivée du serveur je laissai dans un premier temps la demoiselle placer sa commande avant d'en faire autant. Ils sont plutôt rapide sur le service, l'attente ne devrait donc pas être trop longue.

Plus je l'écoutais plus je l'enviais, vivre au jour le jour était un luxe que je ne pouvais plus me permettre … du moins tant et aussi longtemps que j'occuperai mes fonctions actuelles. Ce n'était pas que je m'en plaignais, après tout j'avais choisi de briguer un poste public, c'est tout simplement que je me surprenais – du moins par moment – à moins recevoir d'attentions … il faut dire que la presse était constamment à l'affût de mes moindres faits et gestes ce qui ne pouvait qu'ajouter à la lourdeur de mes fonctions.

Je ne pouvais que l'écouter, il faut dire qu'elle était plus qu'amusante, peu de gens parvenaient à me faire rire et pourtant elle relevait ce défi avec brio. Niveau bêtises j'en ai entendu de bien pires. Je rigolai de nouveau et c'est alors qu'elle me demanda de lui parler de mon quotidien, en dehors de mon rôle de sénateur, de lui raconter la chose la plus folle et insensée que je pouvais bien avoir fait. Vous risquez de me prendre pour un dingue mais, il y a de cela plusieurs années, lors d'un match de foot je m'étais permis de traverser le terrain totalement nu … ce que j'en avais entendu parlé de cette connerie. Je lui souris lorsqu'elle me proposa de cesser de se vouvoyer. Excellente idée. Et c'est alors qu'elle me proposa de s'échapper en sa compagnie … c'était une proposition plus que tentante. C'est plutôt tentant. Je regardai quelque peu mon garde du corps et puis je posai de nouveau mon regard sur la belle brune. Faisons-le. J'allais en entendre parler mais je m'en foutais pas mal.

Je ne pus que lui sourire lorsqu'elle me fit comprendre que c'était peut-être le fait d'être impressionné par ma présence qui l'emmenait, inconsciemment, à mesurer l'ampleur de sa bêtise. Pourtant je ne suis qu'un individu parmi tant d'autre. Certes j'étais quelqu'un d'influent mais je ne me prenais pas la tête avec ce détail, j'étais quelqu'un de simple après tout. Répondant ensuite à sa question, lorsqu'elle me demanda de lui raconter la chose la plus folle que je pouvais avoir faite, je ne fus pas sans me mettre à rigoler de ce qu'elle ajoute par la suite. On a tous fait des trucs dingue à un certain moment de notre vie et je ne suis pas différent du commun des mortels. Je lui souris de nouveau . Mais de rien. Ayant fini par accepter sa charmante proposition je ne pus qu'afficher un sourire en coin lorsqu'elle me dit qu'il fallait trouver un moyen de diversion. Je m'en occupe. Profitant du fait que la belle Miss Ryan était partie voir le serveur je m'approchai du mon garde du corps. Dit Ruppert? Mate la blondasse , de l'autre côté de la rue, qui roule une galoche d'enfer à un mec. Ça ne serait pas ta femme et ton frère? Bien évidemment ce n'était pas le cas mais de la distance d'ou nous trouvions il était impossible de voir la différence. Fou de rage Ruppert rumina mais refusa d'abandonner son poste.

Retournant rejoindre Jaycee à notre table je ne pus que rigoler à son constat. Dormir au boulot mais quelle honte. Bien sur j'avais dit le tout avec humour. Allons-y sans attendre alors.

L'entendre me me demander si je n'étais pas du genre de personne qui peinait à accepter les compliments lui étant fait avait été de nature à m'arracher un sourire plus qu'amusé. Je suis surtout quelqu'un qui sait garder les deux pieds sur terre et qui préfère se montrer humble. Je lui souris amusé par le portrait qu'elle venait de dresser me concernant. Je risque d'avoir la grosse tête avec tant d'éloges mais c'est toujours agréable à entendre. Rares étaient ces moments au cours des quels je pouvais me permettre de parler sans craindre que mes propos finissent par se retourner contre moi. Nous avons tous fait, un jour ou l'autre, des trucs qui dépassent l'entendement. Lui souriant je ne pus qu'accepter son invitation … il ne me restait plus qu'à m'occuper de ce cher Ruppert.

L'ayant finalement rejoint je ne pus qu'éclater de rire à l'écho de sa remarque concernant le traitement que je réservais à mon garde du corps. C'est mal , très mal même, de dormir au boulot. Suivant la belle dans sa lancée, je me laissai entraîner dans cette course totalement folle et puis nous arrêtâmes suffisamment loin du Starbuck je repris légèrement mon souffle tout en rigolant de ce qu'elle venait de dire. Très vilaine même, c'est un crime très grave, mais bon je saurai placer quelques bons mots afin que les autorités soient plus que clémentes. Bien entendu c'était de l'humour, une tirade se voulant plus qu'ironique.

L'humour de la jolie jeune femme ne pouvait qu'avoir sur moi un effet des plus apaisant, j'aimais bien sa compagnie et pour une rare fois j'avais l'impression de discuter d'égal à égal avec quelqu'un … je ne pouvais qu'apprécier. Elle avait pourtant raison c'était totalement fou d'accepter sa proposition mais par moment un peu de folie ne pouvait que procurer le plus grand des biens, Rigolant de bon cœur je ne pouvais que me féliciter d'avoir accepter sa proposition de prendre la fuite en sa compagnie.

Tant pis pour lui il n'avait qu'à ne pas piquer un roupillon sur ses heures de services. Bien entendu il n'y avait rien de très sérieux dans ce que je venais de dire, c'était uniquement pour plaisanter. Une fois loin, très loin même, du Starbuck je ne pus qu'adresser un sourire plus qu'amusé à la charmante Jaycee. Je présume qu'avec un tel contenu il me sera facile de plaider en ta faveur et d'invoquer certains facteurs atténuants. Incapable de demeurer sérieux je me mis à rire pour ensuite redevenir un peu plus calme. Merci à toi, m'amuser comme ça m'a fait un bien fou.

Si jamais quelqu'un osait hausser le ton et s'élever afin de me faire des remontrances je comptais bien lui faire comprendre que j'étais le patron mais pour le moment je préférais ne plus trop y songer. Je m'amusais ferme avec Jaycee, de mémoire il y avait longtemps que je ne m'étais pas autant bidonné. Ça me semble trop doux. En fait je m'imaginais trop la scène et le simple fait d'y penser était de nature à me faire rigoler encore plus.

Une fois à une distance raisonnable du Starbuck nous finîmes par nous reposer, histoire que je puisse reprendre mon souffle, et je me permis de faire de l'esprit en lui disant que je serais invoquer des circonstances atténuantes si jamais on cherchait à lui faire des misères. De toute façon si tu coures toujours à cette vitesse tu ne peux que dépenser les calories associées à ce genre de pâtisseries. Me montrant ensuite reconnaissant je la remerciai car cela faisait un sacré bail que je ne m'était pas autant amusé. Alors si ce n'est que le début, la suite des choses ne peut que s'avérer plus que prometteuse. Je la regardai, admirant son magnifique sourire, tout en continuant de l'écouter. Je ne compte pas me désister, je suis de parole. Me laissant faire je marchai en sa compagnie en direction de la plage. Il ne m'arrivait pas souvent de pouvoir profiter d'un moment de répit comme celui-là et je comptais bien le savourer pleinement.

Elle avait le don de me faire rire cette jolie jeune femme, il y avait longtemps que je n'avais pas autant rigolé. Ce qu'elle disait au sujet de mon garde du corps se voulait plus que désopilant. Tu vas me faire mourir de rire. Je continuai de l'écouter dans son délire jusqu'à ce qu'elle termine. Ne t'en fait pas je ne parlerai à personne de ton penchant pour le sadisme. J'éclatai de rire à nouveau, ça me faisait un bien fou de rigoler comme ça.

Elle avait raison , nous n'avions qu'une seule et unique vie à vivre alors aussi bien en profiter pleinement. Je lui souris lorsqu'elle m'exhiba de nouveau la boîte et les pâtisseries qu'elle contenait. Ça serait bête de les gaspiller après tout. J'aimais son côté espiègle et bon enfant, jamais je ne m'étais senti aussi détendu. Tu n'oserais tout de même pas? Je faisais mine d'être offensé lorsqu'elle dit planifier de me foutre à l'eau. Écoutant la belle jeune femme, je n'avais pas d'autre choix après tout, je ne fus pas sans rigoler de l'entendre me donner des ordres. À vos ordres cheffe. Je fis mine d'être intimidé. Je ne contesterai jamais vos ordres cheffe quoi que pour la fessée j'ai rien contre. Ce que je venais de lui sortir comme connerie, je n'arrivais pas à croire ce que je venais de dire. Me laissant entraîner , en direction de la plage, je finis par retirer mes chaussures alors que nous nous approchions de plus en plus du rivage.