Mack & Matthew

Le déjeuner du vendredi était quelque chose de sacré pour Matt. Le vendredi midi quand il était enfant, sa mère lui préparait toujours du bortsch, un potage de betterave native de son pays natal, la Russie. Il détestait ça et le déteste toujours autant, alors depuis cette époque il se réserve un petit rituel pour oublier tous ces déjeuners gâchés. Ce rituel consiste à simplement déguster un énorme burger, plat qu'il préfère par dessus tout. Et ce vendredi n'échappait pas à la règle. Il avait pris son burger dans un petit restaurant familial du centre commercial de Richmond Hill. C'était l'une des perles qu'il avait trouvé en écumant les restaurants avec sa fille, Léna.

Sauf que cette fois il avait mangé seul, car elle avait cours et que lui en avait profité pour consulter ses dossiers en cours. Une audience importante l'attendait cette après-midi au commissariat central de NY et il devait à tout prix être prêt. Après son déjeuner, il passa dans un magasin d’occasion. Il flânait juste un petit peu pour pouvoir faciliter la digestion de son plat avant de reprendre la route pour son rendez-vous.

Au détour de la visite de ce magasin, il vit une jolie lampe de bureau. Décidément, on vendait de tout et de n'importe quoi ici. Il savait que Sydney en cherchait une nouvelle et celle-ci était vraiment pas mal, avec son abajoue en verre coloré, semblable à un vitrail. Il la pris en achetant trois romans, tous des polars, car il adorait ça comme tout bon avocat. Faisant la queue à la caisse, il commença à dévoré les premiers pages d'un des polars, un roman noir moderne prenant place dans le Chicago des années 50, un contexte diablement épuisé dans les romans policiers, mais qui fait toujours son effet.

Il arrêta sa lecture pour payer puis se dirigea vers la sortie, quand il aperçu que la remise pour un troisième roman acheté n'avait pas été prise en compte. Il se retourna pour retourner en caisse quand l'alarme se déclencha à cause d'un petit garçon rapidement attrapé par un vigile. Que ne fut pas sa surprise quand le délinquant pointa du doigt vers Matt l'accusant d'être son complice et qu'en plus il aurait lui même commis un vol. Un second vigile vint à sa rencontre, Matt se sachant innocent ne bougea pas et accueillit le vigile. Celui-ci contrôla ses articles puis demanda la permission de le fouiller. Il savait que le vigile n'avait pas le droit, mais se plia de bonne foi à la manœuvre.

Le pauvre Matthew manqua de mourir de surprise quand le vigile trouva un bijou dans la poche de son pantalon. Il posa ses paquets au sol et s'approcha du jeune garçon avec un visage très énervé et menaçant. Espèce de petit menteur, je vais t'apprendre à me faire passer pour un voleur. Il continua à se rapprocher avant que le vigile ne le retienne par les coudes pour l’empêcher d'avancer. Arrête de mentir et sois honnête. cria-t-il sur le garçon en tentant de se débattre.

Mack & Matthew

Le jeune garçon continuait de lui tenir tête tandis que les vigiles le retenait toujours. Mais au delà de ça on sentait que le garçon ne souhaitait pas se retrouver dans cette situation, à sa manière de baisser les yeux. Mais rapidement il lui jeta un regard méchant comme pour le défier. Matt ne se laissa pas amadouer et lui renvoya le même regard noir. Il continuait de mentir. Mais Matt se calma un petit peu car s'énerver ne servait à rien. Même si Mack craignait pour sa sécurité, Matt ne comptait pas en venir aux mains. Emporté par sa colère il aurait pu déraper, mais les vigiles l'avaient retenu et maintenant il savait qu'il n'avait pas à être violent. Ce qu'il n'était pas en temps normal.

Mais de quoi tu racontes, je ne te connaît même pas. Si je suis ton complice, dis leur comment je m'appelle. J'ai du te dire mon nom pour te convaincre de m'aider, non ?

Tout de même, cette histoire l'exaspérait. Il devait la régler au plus vite s'il ne voulait pas rater son rendez-vous. Voyant le garçon pleurer, Matt se demandait si tout ça était bien vrai. Mais il était encore trop tôt pour le dire.

Ça ne sert à rien de pleurer. Tu t'es mis dans cette histoire tout seul alors maintenant sois un grand garçon et arrête de mentir. Aller dit la vérité à ses messieurs qu'on puisse rentrer chacun chez nous. dit-il sans être méchant.

Mack & Matthew

Le jeune garçon continuait inlassablement à mentir. Et même si Matt avait perdu son sang froid face à l'aplomb du garçon, il savait que s'énerver ne servirait à rien et qu'il valait mieux reprendre un discours posé et réfléchit. Il ne risquait pas grand chose après tout, ce n'était qu'un bracelet et sa parole n'était mise en doute que par un enfant. Il lui fallait juste réfléchir deux minutes, sans compter sur son travail consistait à faire parler les coupables, il avait donc toutes les cartes pour en finir rapidement avec cette histoire.

Cependant, et c'est là que le bas blesse. C'était sans compter sur l'orgueil de l'avocat russe, qui comptait bien s'en tirer en faisant avouer le garçon devant tous les vigiles, sans avoir à sortir ses atouts de sa manche. Il inspira tranquillement en écoutant les remarques du voleur en herbe et fit signe aux vigiles qu'il était calmé. C'est bon, vous pouvez me lâcher, je suis calmer. Il fixa les vigiles qui le regardait d'un air dubitatif. Il frappa sur son genou gauche qui résonna creux. J'ai un genou en polymère. Je ne pourrais pas faire cinq mètres en courant sans m'écrouler. Ils se regardèrent encore et finirent par le lâcher, en restant tout de même très proche de lui. Bien ! Maintenant à toi. dit-il en se pointant Mack du doigt.

Ecoute moi bien, Izhets* ! Ici, on est en Amérique. Vous, les américains vous ne connaissez pas la présomption d’innocence. Tu sais ce que cela veut dire ? Cela signifie que c'est à toi de prouver ton innocence et non à la justice. Si tu tiens absolument à me faire tomber. Tu vas devoir prouver que c'est moi qui t'ai demandé de volé pour moi. Il regarde ses paquets. D'ailleurs. Comment expliques-tu que j'ai acheté des produits dans ce magasin si je comptait sur toi pour me voler quelque chose ? Je n'aurais eu qu'à passer sans rien acheter ou encore même t'attendre dehors. Alors, je t'écoute. Quelle explication vas-tu inventer pour nous faire croire que je serais volontairement entrer dans un magasin que je comptais dérober ?