Voilà quelques semaines que Matt connaissait la grande nouvelle. Il avait été très euphorique les premiers jours, mais bien vite il passa de ce genre de moments à plusieurs crises de stress. Tout devait être parfait pour la grossesse d'Emma et la venue de ce nouveau bébé. Il avait planifié beaucoup de choses et ce bien trop en avance. Son ordi personnel regorgeait de pages ouvertes à propos de ce genre de choses. Ameublement, nourriture, conseils & astuces, vêtements et bien sûr prénom. Pour tout ça il avait rédigé des dizaines et des dizaines de traitements de texte et compilés de nombreuses données, en papier, en audio et en dématérialisé. C'était pas moins d'une centaine de prénom qu'il avait trouvé, une centaine par sexe. Des listes et des listes de sites web parlant de grossesse, de naissance et de bébé. Mais le plus fort, grâce à son organisation du tonnerre venue de sa carrière d'avocat, c'est qu'il s'y retrouvait parfaitement dans tous ses documents. Et pas loin de trois semaines après avoir appris qu'il serait papa, tout le nécessaire aux neufs mois suivants et aux trois ans qui suivraient, était prêt !

Est ce qu'il était rassuré pour autant ? Non. Était-il redescendu de son euphorie ? Pas du tout. Sauf aujourd'hui. C'était le jour où il devait dîner avec Léna. Il avait que trop repoussé l'échéance. Il appréhendait évidemment sa réaction, mais il n'avait pas le choix. Elle méritait de le savoir avant quiconque. Recevant le message de Léna, il sut qu'il ne pouvait plus faire marche arrière. Ce qui lui fit très plaisir, tout de même, était la perspective de passer une soirée en compagnie de sa fille adorée.

Il prit la direction du restaurant et arriva un peu en avance. Se disant qu'une fois dans le restaurant, ça le forcerait à ne pas décamper. Alors que fait un homme quand il est nerveux et qu'il doit patienter ? Il boit, évidemment. Il prit une vodka glacée au bar qu'il descendit cul-sec. Heureusement, il n'eut pas le temps d'en prendre une seconde. Léna était dans l'entrée et semblait l'attendre. Il sortit du bar et s'approcha de sa fille. Si la situation devait s'envenimer à un moment, autant faire en sorte que le début soit amusant. Il arriva derrière elle et appuya sur ses côtes pour la faire sursauter, tout en affichant un grand sourire satisfait.

En arrivant derrière elle pour la surprendre en appuyant sur ses côtes, sans lui faire de mal bien sûr, il s'attendit à une riposte plus enflammé venant de sa fille. C'est qu'elle n'avait en général pas la réputation de cacher son mécontentement, mais là elle se retint de fustiger le malheureux qui aurait eu l'occasion de l'embêter. Sans doute avait-elle eu le temps de comprendre qui se cachait derrière cette plaisanterie fort drôle pour son auteur, avant de s'énerver. Matt afficha un grand sourire à Léna quand elle se retourna. Sourire qu'elle lui rendit ce qui le conforta dans son idée qu'elle n'était pas trop fachée après ça.
L'un n'empêche pas l'autre, rétorqua-t-il à Léna qui lui disait préférer une bise et un câlin.
Il finit par ouvrir ses bras et enlacer les épaules de sa fille pour une étreinte mutuellement désirée. Il la garda un assez long moment contre lui avant de finir par déposer un bisou sur sa joue.
C'est agréable aussi, en effet. Et comment va la plus merveilleuse étudiante de New-York ?

Quel sens incroyable de la déduction et de la logique.

Je ne pense pas, non. Je me doute quand même que tu n'as pas apprécié ça. Mais il faut juste y voir la joie pour moi de te voir ce soir.
Le vrai bonjour commence et Léna comme à son habitude ne se contente pas d'une brève étreinte gênée, mais un vrai câlin aussi réconfortant pour l'un que pour l'autre. C'est toujours un plaisir de la voir se blottir contre lui, il sent à ce moment là tout ce qu'elle aimerait rattraper avec lui et il en est maintenant plus heureux que triste. Puis, une fois séparé il se laisse déposer une bise par sa fille. Et elle renchérit sur le fait qu'un câlin et une bise est largement mieux qu'un pincement aux côtes. Ce à quoi il répondit par un sourire.
Oh ça va très bien. Tu sais la routine, le travail, les sorties tout ça, tout ça. Oui, il était pas encore prêt à lui sortir la nouvelle là de but en blanc. Il lui fallait un minimum de préparation. Mais tout le rattrapa quand Léna sentit la vodka sortir de son haleine. Excellente, oui. C'était une vodka aromatisée au miel et la vanille, très bonne, mais en même temps c'est rare de boire de la mauvaise qualité chez les Denisof. se vanta-t-il. Il valait mieux jouer la carte du détournement d'attention pour éviter les questions. Mais est ce que cela marcherait ? Tu as faim ?

En effet cela faisait quelques temps qu'il ne s'étaient pas vus et quand Léna apprendra la nouvelle, elle comprendra plus facilement pourquoi il était prit. De là à lui en vouloir ou pas, seul l'avenir lui dira. Si mes patrons t'entendaient, ils se poseraient mille questions sur le retard que j'accumule dans mes dossiers. dit-il en rigolant. Bien qu'occupé son boulot aussi prenait un peu de retard, sans qu'il y est de quoi le préoccuper pour sa place au sein du cabinet Spencer & Mills.
C'est un flair de détective qu'elle possède car sans être un homme buvant tous les jours, Matthew n'avait jamais caché son côté "bon vivant". Il appréciait un petit apéro le soir ou un verre de vin au déjeuner sans plus, tout en essayant de ne pas consommer les deux le même jour, ça surtout pour sa ligne. Je ne sais pas ce que tu trouves à la zubrowska. Ça pique tellement la langue que tu sens plus rien d'autre après. Pire que du poivre. On peut plus rien boire d'autre après. dit-il avant d'ajouter. Enfin après ce que j'en dis moi... finit-il de dire en haussant les épaules.
Il rigole à sa remarque sur le goûter de Léna. Et vu que le père et sa fille ont faim, ils se dirigent vers le restaurant, où ils sont accompagnés jusqu'à leur table. Il remercie le maître d’hôtel et s'assoit non pas en face de Léna, mais juste à côté d'elle, comme sont organisés les tables pour un couple dans un restaurant. Ainsi ça sera plus simple pour eux de discuter en étant proche. Il regarde la carte du restaurant et se commande une vodka-martini simple. Généralement il la prend double, mais comme il conduit après il préfère se réserver pour un verre de vin au cours du repas. Il commande ensuite en plat, un beau filet mignon de porc au caramel et riz basmati.  
Leur apéro apporté il trinque avec Léna. Santé ma princesse. Puis il prend une gorgée de sa vodka. Ça va l'école ? Tu te plais toujours dans ta filière ? demande-t-il en reposant son verre.