Je me souviendrai toujours de ce jour du 5 octobre. J'étais dans une bijouterie qui me sert de couverture et me permet de blanchir de l'argent quand j'ai reçu un appel de l'hôpital. Un incendie s'est déclaré dans mon immeuble et ma fille a été hospitalisée. Ni une ni deux j'ai sauté dans la voiture et ordonné à mon chauffeur de filler jusqu'à l'hôpital. Une fois sur place je demande le service pédiatrique et me dirige, sur les indications de l'infirmière vers la chambre. Je vois bien qu'il y a une femme avec Sofia, mais sur le moment je l'ignore royalement. Je me précipite vers ma fille.

- Sofia !! Comment tu te sens ma puce ? Ça va aller ?

Elle rigole un instant comme à chaque fois que je suis un vrai papa poule. Elle me désigne la jeune femme qui commençait à vouloir nous laisser seuls et m'explique que c'est elle le pompier qui lui a sauvé la vie. Je m'approche alors d'elle lâchant un instant ma fille pour lui tendre la main.

- Aiden Berardi. Le père de Sofia.

Bien Aiden comme si elle avait pas comprit.

- Je ne vous remercierai jamais assez pour ce que vous avez fait. Vous avez sauvé la vie de ma fille. J'ai une dette envers vous. Si je peux faire quoi que ce soit dite le moi.

Un de mes gardes du corps s'approche un instant et je lui dit de rentrer, que je reste avec Sofia. Sauf que bien sûr il refuse et préfère attendre dans le couloir. Je sais qu'ils aiment bien ma fille et puis il font bien ce pour quoi je les payent. Je me tourne une fois de plus vers ma fille.

- Toi, jeune fille tu as peut-être déjà 13 ans, mais tu n'es pas prête d'être à nouveau seule à la maison. J'ai eu trop peur.

Je ne lui dois rien qu'elle me sort. Selon elle, elle ne faisait que son métier. Puis lorsque je m'adresse à Sofia elle me rassure en me disant que le feu ne venait pas d'elle, mais d'un voisin.

- Ah mais je n'en doute pas. Il n'empêche que j'ai eu la peur de ma vie quand l'hôpital m'a appelé. Mais je suis ravie d'apprendre qu'elle a su bien réagir.  

Je cherche une carte de visite dans ma poche sur laquelle est noté mon numéro de téléphone personnel.

- Mais je maintient que j'ai eu dette envers vous. Ne serait-ce que pour être restée avec elle. Alors prenait ma carte et si vous avez le moindre problème. Je dis bien le moindre. Vous pouvez me téléphoner.

Je lui temps la carte avant de m'essuyer le front. Je crois que je vais avoir besoin d'un verre. Mais pas ici et pas maintenant. Mais par contre je prendrai bien un café. J'embrasse ma fille avant de proposer à la jeune femme de venir prendre un café avec moi.

- Acceptez au moins que je vous paye un café à la machine. C'est pas grand-chose, mais c'est mieux que rien

La cafétéria. C'est vrai que c'est mieux. Je me tourne un instant vers ma fille qui me sourit tendrement. Je lui rend son sourire avant de me pencher sur elle et de l'embrasser sur le front.

- Je te laisse te reposer s'il te faut quoi que ce soit, Victor est juste dehors dit lui de me chercher.

Je quitte alors la pièce en faisant signe à la jeune femme de passer devant. Dans le couloir, mon garde du corps me fait un signe de tête. Il a tout entendu et se tiens prêt de la porte au cas où Sofia voudrait l'appeler. L'autre attend un peu plus loin et nous précède vers la cafétéria. Même s'il ne risque pas de m'arriver grand-chose ici il ne me lâche pas d'une semelle tout en gardant une certaine distance pour nous laisser tranquille la pompier et moi.

On arrive dans la cafétéria et je commande deux cafés. J'invite alors la jeune femme à prendre place à une table.

- Je suis impardonnable. Je me suis présenté mais j'ai complètement oublié de vous demandez votre prénom.

Leslie Shay, je note son nom dans un coin de ma mémoire au cas où elle viendrait un jour me demander de l’aide. Elle précise aussi qu’elle est pour l’instant la seule femme dans la caserne. Ça ne doit pas être facile de se faire une place dans ce monde d’homme. En tout cas, dans mon monde, les femmes sont souvent mal vues à un poste comme le mien, alors qu’elles sont tout aussi dangereuse voire plus encore. Mais quand la jeune femme me demande si je fais de la politique je ne peux m’empêcher de rigoler.

- Cela me tenterait bien, mais alors je n’aurais plus du tout de temps pour ma fille et je refuse ça. Non je ne suis qu’un simple chef d’entreprise. Je dirige un fond d’investissement dans le luxe. Ce qui explique les gardes du corps. Je jongle avec beaucoup d’argent et j’en ai beaucoup, ce qui ne plait pas à tout le monde.

Ne voulant pas l’effrayer je m’arrête là avant de reparler de Sofia.

- Ma fille est ce que j’ai de plus chère au monde, c’est pour ça qu’un des deux est resté avec elle. J’ai toujours peur qu’on se serve d’elle pour m’atteindre. Et puis cela la protège aussi de sa junkie de mère.

Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai fini sur cette phrase, peut-être le besoin que cela sorte enfin ? Toujours est-il que je ne cherche pas à faire peur à Leslie. J’espère en tout cas que ce n’est pas le cas.

Moi un papa poule ? Impossible. Je rigole une fois de plus, je me doute bien que Sofia lui a parlé de moi en ces termes.

- Je plaide coupable. Mais il ne me reste qu’elle. Alors oui je sais que je suis un peu surprotecteur. Elle commence même à s’en plaindre. Elle a l’âge pour. A 13 ans j’en faisais voir de toutes les couleurs à ma mère. Elle est encore gentille et ne me provoque pas, mais il ne faut pas croire, c’est qu’elle à son caractère et quand la miss n’est pas contente je suis vite au courant.

Je souris béatement en parlant de ma fille, c’est vrai qu’elle conte beaucoup pour moi. Plus que quiconque peut le penser.

- Ne vous en faite pas, il en faut beaucoup pour me froisser. Je vis entourer de gens qui essaye de me plumer de toutes les manières possibles. Je suis rodé à force. Et puis vous avez parfaitement raison. J’espère juste que Sofia ne s’est pas trop plainte de moi.

Que je lui dis avec un grand sourire avant de boire une gorgée de café. Je cesse alors de parler de moi et de ma fille pour m’intéresser à la jeune femme en face de moi.

- Mais parlez-moi un peu de vous. Ce n’est pas trop dur d’être la seule femme de la caserne ?

J’avoue que je sens pointé une certaine fierté quand elle m’annonce qu’elle trouve ma fille charmante et bien élevée. C’est que je dois pas trop mal m’y prendre du coup. Je bois encore une gorgée de café en l’écoutant répondre à ma question. J’aurais dû parier sur sa réponse. Je me doutais bien qu’elle n’aller pas me dire que tout se passe pour le mieux, les hommes peuvent être idiots et ultra machos. Mais quand elle me dit que certaine personne ne la croit pas quand elle dit être pompier je la regarde un peu surpris. La fin de sa réponse me fait sourire et je prends le temps de boire une autre gorgée avant de lui répondre.

- Je ne vois pas en quoi être une femme et pompier sont incompatible, mais après j’ai été élevé par une mère seule alors j’ai pas la même vision des femmes que la plupart de mes congénères. Quant au fait de finir vieille fille, permettez-moi d’en douter.

Je fais un instant une petite pause avant de reprendre.

- Même si vous faite un « métier d’homme », je mime bien les guillemets, je suis sûr qu’une femme forte et belle comme vous trouvera sans peine un homme bien. Je ne vous imagine pas vieille fille, avec un chat oui, mais pas vieille fille.

- Je dois vous croire sur parole en ce qui concerne vos frères. Je n’ai pas eu cette chance, je suis fils unique. Du moins jusqu’aux dernières nouvelles, mon père n’avait pas eu d’autre enfant. Quand au fait de porter des robes… une femme peut être féminine sans robes. Mais j’avoue que j’aimerais bien voir ça.

Je me rends alors compte de ce que je viens de dire et tente de me rattraper.

- Ne prenais pas cela pour une invitation à dîner, à moins que cela vous dise. Enfin je veux dire…

Bien Aiden tu t’embrouille encore plus maintenant, c’est vraiment parfait.

- C’est juste que j’estime qu’un café dans une cafétéria d’hôpital n’est pas suffisant face à ce que vous avez fait pour ma famille. Enfin de toute façon vous avez ma carte alors si ça vous dit vous n’avez cas m’appeler.

Je rêve ou je suis en train de rougir ? Je me concentre alors sur mon café et en rebois une gorgée pour me donner un peu de contenance, je suis un parrain de la mafia nom de Dieu, un peu de tenue.

Un restaurant italien ? Est-ce qu’elle l’à fait exprès. En tout cas je vois très bien duquel elle veut parler. Je connais tous les restaus italiens de Londres et il est vrai que celui qu’elle à choisi est très bon. Je réfléchi un instant pour savoir si j’ai quelque chose de prévu pour le samedi en question et rapidement la réponse me vient à l’esprit. Je suis libre comme l’air.

- Si j’ai une chance de vous voir en robe je ne vais certainement pas louper l’occasion. Ce sera avec plaisir Miss Shay. Et je vous promets que nous serons seuls.

Je désigne d’un geste de la tête le garde du corps qui est dans la cafétéria avec nous. Ils resteront et mangerons un truc dans la voiture. Comme toute les rares fois où je suis avec une femme dans un restaurant. Je fini à mon tour mon café avant de me lever et de lui tendre la main pour se lever à son tour. Galant en toute situation, comme ma mère me l’a appris.

- On se dit pour vingt heures ? Je peux envoyer une voiture vous cherchez si vous le souhaitez. En parlant de ça, permettez-moi de vous raccompagnez jusqu’à la caserne. Je vous ai retenu assez longtemps.

Je n’attends pas de réponse de sa part et fait un signe à mon homme qui s’approche raccrochant son téléphone.

- Mademoiselle Sofia s’est endormie, Victor est avec elle dans la chambre, Monsieur.

- Alors, ais-je votre autorisation pour vous ramener ?

La jeune femme annonce qu’elle se débrouillera et n’aura pas besoin de voiture. Je n’insiste pas et la laisse mettre son blouson avant que nous ne quittions la cafétéria. Elle accepte ma proposition de la ramener, mais chez elle, pas à la caserne. C’est comme elle veut. Je lui fais alors signe de passer devant moi pour sortir de la salle. Dans le même temps je fais prévenir Victor que nous ramenons la pompier chez elle. Je me rends alors compte de ce qu’elle vient de dire.

- Alors comme ça, vous êtes restée en dehors de votre service ? Je vous suis d’autant plus redevable dans ce cas.

Nous nous dirigeons vers le parking où se trouve ma voiture. Sans plus de cérémonie je lui ouvre la portière de l’Escalade avant de passer de l’autre côté de la voiture et de prendre place à mon tour à l’arrière. Le chauffeur lui demande son adresse une fois au volant et se mets en route à sa réponse.

- En tout cas, je ne vous remercierais jamais assez d’avoir sauver Sofia. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Je n’arrive même pas à l’imaginer.

Encore une fois elle me soutient que je ne lui dois rien. Mais il me semble que contrairement à ce qu’elle prétend elle ne comprend pas. Je pourrais mourir pour que ma fille puisse vivre. Je ne dis rien cependant et laisse planer un silence apaisant dans la voiture. Mais finalement je reviens quand même sur le sujet ‘Sofia’.

- Vous dites que je ne vous dois rien, mais vous ne pouvez pas imaginer ce que cela fait de se dire qu’on aurait pu perdre son enfant. Il existe un mot quand on perd son mari ou sa femme, il existe un autre mot pour dire quand on perd un parent. Mais il n’en existe pas pour dire qu’on a perdu un enfant. C’est bien que cela n’est pas dans l’ordre des choses. Que cela n’est pas sensé ce passé. Je prie tous les jours pour que ma fille ait ce qu’il lui faut, pour qu’elle soit heureuse et fasse ce qu’elle veut de sa vie. Et surtout je prie pour que rien ne lui arrive.

Je reprends mon souffle avant de me pencher et d’ouvrir une trappe où se trouve une bouteille d’eau en verre et des verres. D’un geste j’en propose un à la jeune femme en face de moi, avant de me servir. J’ai payé cette voiture une petite fortune mais je ne le regrette pas et il me semble que Sofia l’aime bien. Même si j’en ai d’autres aux garages c’est bien celle que j’utilise le plus. Dehors le soleil est déjà presque caché par l’horizon. Le ciel est plutôt joli, mais la teinte me rappel étrangement celle que j’imagine être les flammes qui auraient pu m’enlever ma fille. Mon regard se perd un instant dans les nuages avant que je ne me retourne vers Leslie.

- J’aimerais bien savoir pourquoi vous avez voulu être pompier ? J’ai toujours admiré ceux qui ont ce genre de vocation. Qui se mettent au service des autres…

Je la laisse me répondre tranquillement, faire les pauses qu’elle veut sans la couper. Elle me raconte comment son père est mort en lui sauvant la vie. Je comprends tout à fait la réaction de cet homme. A sa place j’aurais fait la même chose. Je n’en suis pas moins désolé pour elle. Perdre son père aussi jeune ne doit pas être facile. Moi-même ayant perdu mes parents je peux comprendre ce que cela fait, le vide que cela laisse dans notre vie. Je bois mon verre d’eau tout en l’écoutant avant de le posé dans le réceptacle prévu à cet effet. Une fois qu’elle a fini, comme la voiture ralentit je lui réponds une dernière fois.

- Je suis vraiment navré de vous avoir fait repenser à ça. Je sais ce que cela fait de perdre un parent. Même si j’ai eu la chance de ne pas avoir perdu mes parents, aussi jeune.

Je jette un coup d’œil par la vitre teintée.

- Il me semble que nous sommes presque arrivées.

A peine ais-je fini ma phrase que mon chauffeur nous confirme que nous sommes dans la bonne rue. Il arrête le véhicule devant l’adresse qu’elle a indiqué et viens ouvrir la portière. Je descends de la voiture avant de lui tendre la main pour l’aider à descendre à son tour.

- Et voilà Miss Shay, nous sommes arrivées. Il ne me reste plus qu’à vous reproposer de vous envoyer une voiture samedi et vous souhaiter une bonne soirée.

Quoi qu’elle me réponde je ne la laisserais pas partir sans l’avoir encore remercié, quitte à être lourd.

Leslie fini par accepter que je lui fasse envoyer une voiture pour le samedi soir.

- Parfait, elle sera là pour 19h30, si cela ne fait pas trop tôt pour vous.

Une fois d'accord sur l'horaire je lui fait un baise-main avant de la laisser rentrer chez elle. J'attends qu'elle soit entrer dans l'immeuble avant de remonter dans la voiture tout en annonçant à mon chauffeur que ce sera à lui de la chercher avec la BMW. je lui ordonne alors de passer par mon appartement avant de rejoindre l'hôpital. Aux dernières nouvelles Sofia dort encore, nous avons donc encore du temps devant nous.

L'appartement est dans un triste état et sens encore la fumée. Il faudra faire des travaux avant que l'on puisse de nouveau y habiter sereinement. En attendant nous vivrons à l'hôtel avec Sofia, mais pour le moment je me prépare à passer une nuit à l'hôpital. Je repense même à la jeune pompier. C'est qu'elle est vraiment jolie et elle ne me laisse pas vraiment indifférent...