J'ai toujours aimé sortir. En réalité, dire l'inverse aurait été un énorme mensonge. Mais lorsque j'étais inspiré, il m'arrivait de rester chez moi, à dessiner sans jamais m'arrêter. Parfois même me rendre compte le soir que j'avais oublié de manger. Enfin comprenez par là: manger un truc solide. J'avais beau être assez séduisant, ce n'était pas de présence féminine, que je parlais lorsque je parlais de "blonde"... mais bien d'une petite mousse, ma compagne préférée lors des longues journées solitaires. D'ailleurs, c'était sans doute grâce à elle, que j'avais cette imagination si fertile ! allez savoir !

Ce soir là, pas question pourtant de céder à l'appel tentateur de cette meilleure amie rafraîchissante. Car ce soir, je lui ferais des infidélités. Pas avec un autre alcool plus corsé qu'elle ou plus exotique, mais bien avec... Marilyn, mon amie. Stressé comme pour un entretien d'embauche, (j'avais peur qu'elle découvre mon petit manège, et puis... nous ne nous étions pas vus depuis si longtemps ! peut-être, peut être pas. En tous cas, c'était l'impression que j'en avais !) je m'étais préparé convenablement, mon look de clodo pour une fois remisé au placard. Et me pressant un peu, j'avais pris le chemin direction: le Duck and Waffle.

Une fois arrivé, j'ai cherché mon amie du regard. Elle était là, subjugée par la vue. La tentation était trop forte: sans un bruit, je me suis glissé derrière elle, mains derrière le dos, glissant un léger: "Bouh !" , un sourire amusé sur le visage, attendant une réaction quelconque de sa part...

Je détestais être en retard. Mais paradoxalement, je l’étais toujours. Au moindre truc prévu dans ma vie, il fallait que j’aie au moins cinq, dix, parfois même trente minutes de retard. Pourtant, j’avais tout essayé. Oui oui : même le truc le plus évident, aussi connu sous le nom de « mais tu vas partir plus tôt, oui, gros flemmard? » il n’y avait rien à faire. C’était ainsi. Les éléments se réunissaient contre moi afin que je me tape une honte certaine. Une fois n’était pas coutume : j’avais fait attendre mon amie. Mais à la voir subjuguée par la vue magnifique à l’extérieur, l’espoir renaissait : et si elle avait perdu l’horloge de vue ?

Doucement, je me suis approché d’elle, voulant la faire sursauter. Mais son petit cri, aussi mignon fut il n’était pas prévu au programme, m’arrachant un rire… venant lui faire la bise, j’ai haussé les épaules :

-J’te rappelle qu’on a le même grand âge ! p’t-être même d’ailleurs que te voir faire ta crise cardiaque me fera paniquer ; tellement que mon coeur lâchera lui aussi ! Au final… je n’aurai récolté que ce que j’aurai semé, hm ?

Et j’ai ricané avant de m’installer en face d’elle :

- Alors… quoi de neuf bella ?

J’ai levé les yeux au ciel . Haut, si haut que j’aurais pu faire les yeux blancs. Mais ma maman m’avait toujours dit, qu’une brise moqueuse aurait suffit à me laisser dans cet état peu flatteur, lorsque j’étais enfant : aussi m’abstenai-je de tenter le diable…

-Oh ! Ca vaaa ! Depuis quand les artistes sont censés savoir compter ? j’ai demandé avant de rétorquer : j’préfère laisser ça à ceux qui savent !

Et lui adressant un sourire, j’ai ricané, m’installant face à elle, ma main droite juchée sur mon poing gauche, j’ai réfléchi :

-Euhm… effectivement, j’n’avais pas vu ça comme ça. Faut dire que je ne ressemble pas non plus à l’autre albinos de Robert Parkingson alors… j’propose qu’on oublie !
J’ai haussé les épaules.Entre deux bouteilles de whisky ; mes planches de BD, rien de nouveau sous le soleil.

-Comme d’hab… Je vends mes gribouillages ! j’ai ri doucement : tu veux prendre un apéritif, ou… ?

Surpris par sa réponse, j'ai ri. Moi ? une faible estime de moi même ? c'était vrai. Je n'avais jamais été du genre à me vanter. Mais dans le cas précis des mathématiques, c'était tout simplement du réalisme. J'ai ri, et arqué un sourcil.

- Mon p'tit chat... -j'peux t'appeler mon p'tit chat ?- j'ai ri de plus belle et repris: ce n'est pas une question de confiance en soi. A partir du moment où en maths, t'as 0.8 sur ton bulletin de lycée... c'est une question de réalisme. J'suis nul en maths, bien meilleur avec les mots. Mais j'en fais pas une maladie, t'en fais pas ! et j'ai froncé les sourcils. T'as raison sur un point. Le reste, c'est à l'appréciation des autres. Et celle de mon prof sur mon bulletin était salée, j't'assure !

A son constat, j'ai froncé les sourcils, faisant mine de m'étouffer: On dit... que j'prends ça comme un compliment ? Bean, au moins, fait rire les gens, comparé à l'autre type albinos qui fait pleurer les yeux tant il luit au soleil ! et j'ai hoché la tête, souriant: Ouh ! Miss Wayne se dévergonderait-elle ? promis. On restera sages. J'ai souri, et appelé le serveur, commandant un Martini pour moi, laissant Marilyn commander ce qui lui ferait plaisir...

J’ai ri de bon coeur à sa remarque : -Gentil et mignon ? Mon portrait craché tout ça ! Et j’ai réprimé un rire, poursuivant non-chalament : hm… non mais… tu aimes probablement le poisson . Tout le monde aime ça ! Non ? En tous cas, rassure toi… rien à voir avec la moustache, j’le promets !
J’ai ri de plus belle, écoutant alors Mary me raconter sa scolarité… et à quel point j’me plantais. Pourtant, moi, ça ne m’empêchait pas de penser ce que je pensais déjà : elle était la personne la plus intelligente que je connaissais, et j’apprenais bien plus à ses côtés qu’à travers les bouquins les plus fournis, croyez le ou non !

Petite révérence alors qu’elle m’assurait que ma tête de clown faisait rire. J’ai haussé les épaules : -Tu me diras… si elle faisait pleurer, ça s’rait un contre emploi, tu crois pas ? Riant de nouveau, j’ai arqué un sourcil : ouep. Perso, il me donne envie de pleurer, en plus de me rendre aveugle, l’albinos ! Quelle horreur ! Comment autant d’ados ont pu fantasmer sur ce… truc ? Et hochant la tête, j’ai souri : ah bah oui, j’avais oublié ce détail. C’est p’-être toi, qui vas me dévergonder alors ! Quoique… j’suis déjà pas mal. Tu pourrais te lever tôt avant d’y arriver, j’crois !

Riant, j’ai remercié le serveur qui repartait. Regardant à la vitre, j’ai souri : en tous cas… je n’étais jamais venu ici. La vue est magnifique !

J’ai ri légèrement en voyant la réaction de Marylin, faisant mine de ne pas comprendre « modes… quoi ? Ça se mange ? Désolé, connais pas ! Oh ! c’est peut-être un de ces animaux aquatiques tout dégueus qu’on voit dans ces documentaires sur la nature… non plus ? hm. Bon bah… non, vraiment, désolé ! »

J’ai ri un peu plus volontiers, alors qu’elle me parle de poisson bien préparé et de viande : « comme je te comprends. Pour ma part… j’échangerais pour rien au monde mon pavé de bœuf ! » et arquant un sourcil, j’ai hoché la tête « oh. Je serais bien curieux de te voir miauler. Vraiment ! » riant légèrement, j’ai prélevé une gorgée du verre que le serveur m’avait apporté quelques secondes plus tôt. Et surpris de la question de mon amie, j’ai ouvert des yeux ronds comme des soucoupes, un peu désappointé : « peut être parce que… avoir une sale tronche n’est pas un sketch en soi ? » eh, quoi, c’est qu’ils avaient des choses à raconter, les humoristes ! Et clairement… ce n’était pas mon cas. Ou du moins pas comme eux. En réalité, j’étais juste un type normal. Et à vrai dire, j’aimais cette tranquillité dans laquelle s’inscrivait ma vie

Lui adressant un sourire,j’ai hoché la tête « tu as raison. Montres leur… Richard Gere ou même Cyndy Crawford. Ils te demanderont si ce sont le concierge et la femme de ménage de ton immeuble ! » et riant légèrement, j’ai pris un air dramatique « oui… incurable, tel est le nom de ce mal qui m’habite … » et éclatant de rire, j’ai haussé les épaules, lâchant subitement mon jeu d’acteur « mais t’inquiètes pas. Il va bientôt déménager ! »

Cette fois plus sincère, j’ai hoché la tête : « j’ai bien choisi… ma convive ? Je sais, merci. Il paraît que j’ai bon goût. Mais je suis heureux que la vue te plaise ! »

Et souriant légèrement, j’ai commencé à regarder la carte, choisissant tranquillement mon menu.

Arquant un sourcil, j’écoutais, médusé, les suppositions de Marylin. En réalité, j’étais légèrement surpris : ce genre de bêtises, elles étaient plutôt signées de moi, généralement. Pourtant, les entendre de mon amie me faisait mourir de rire. Prenant un accent italien, je me mis à parler avec les mains, sourire aux lèvres : - ma que… bien sour, que c’est oun dessert italiano ! Et ne me dis pas le contraire ! Yé souis cé qu’on appelle… oun illettré ! Ça veut dire homme de lettres, en italien ! et faisant mine de réfléchir, j’ai conclu : dans ce cas… c’est probablement une qualité : j’ai pas de défaut! nouveau clin d’oeil, prenant une gorgée de mon verre afin de reprendre une certaine contenance : à trop rire, quand bien même j’essayais de demeurer discret, les gens commençait à me regarder de travers, dans le restaurant !

À l’entendre continuer, j’ai hoché la tête : pour le bœuf… on va pouvoir faire quelque chose pas plus tard que tout de suite mais pour le reste… j’ai murmuré, lui adressant un regard taquin : on va peut être attendre un peu… il y a du monde, autour...

Et lui adressant un sourire, j’ai haussé les épaules : eh bien… j’vais prendre ta défense envers ma personne pour… un compliment alors… merci ? Et riant légèrement, j’ai continué : j’ai juste supposé qu’il y avait mieux . Pour pas qu’mes chevilles gonflent de trop, tu comprends ?

Finissant mon verre, j’ai ri, avant que la discussion ne bifurque sur nos célébrités classes… ou du moins plus classes que celles que les jeunes avaient, aujourd’hui. Et j’ai hoché la tête : - je vois. Tu pensais à qui par exemple ?

Et lui faisant une grimace discrète, j’ai poursuivi, amusé : moi ? Schizo ? Promis. Tout va bien de ce côté là. J’suis juste un peu taré!


Lui adressant un clin d’oeil pour seule réponse, j’ai souri et fait mon choix, quelques secondes plus tard…

- Tu voudras du vin ?

Faisant mine de la prendre au sérieux, j’ai ri, avant d’arquer un sourcil : nooon ! Sérieux ? t’es suédoise ? Il est comment, le mec qui a inventé Ikéa ? Ses enfants aussi ils ont des noms chelous? et toujours aussi sérieux, je me suis réinstallé dans le fond de ma chaise avant de reprendre : tu sais ce qu’on dit : femme qui rit, à moitié dans ton lit. J’espère juste avoir la bonne moitié ! restait encore à déterminer ce qu’était « la bonne moitié ». En réalité, je crois bien que je n’aurais pas su répondre à une telle question, me posant ainsi moi même une colle ! Et arquant un sourcil, j’ai ri légèrement à sa réponse : ouep. Le défaut d’être un sacré vantard. Heureusement pour moi, ce n’était qu’une blague. Ca doit être sacrément ennuyeux, de se croire parfait, hm ? riant de bon coeur, j’ai pris une gorgée de mon apéritif, que j’aurais pu recracher presque aussitôt, si je n’avais pas eu un entrainement aussi bien suivi : dans l’urgence, j’ai avalé à toute vitesse cette gorgée dangereuse, haussant les épaules : non… c’était pas c’que j’voulais dire ! Mais… c’est proposé si gentiment... et lui adressant un clin d’oeil, j’ai ri, ne pensant pas un mot de tout ça : ça ne restait avant tout que des plaisanteries destinées à la faire rire… ou à l’embêter : j’adorais faire tourner Marylin en bourrique !
attends une seconde… qu’est ce que tu insinues, là ? Je suis la définition même de l’humilité ! moqueur, j’ai hoché la tête avant de conclure c’que je remarque dans ce choix, c’est tout d’abord… le look à toute épreuve : aurais tu un faible pour les grosses moustaches, le jean et les chemises hawaïennes?
Lui adressant un sourire moqueur, j’ai regardé la carte des vins : je crois bien… que je vais te suivre. Pour le vin, hein, pas dans la rue! et j’ai appelé le serveur d’un signe de la main, histoire de passer notre commande...

Il le savait pertinemment : Marylin n’était pas plus Suédoise que lui était pakistanais. Pourtant, il décidait d’y croire. Ou du moins, de faire semblant, pour la simple et bonne raison qu’il aimait rire avec son amie. Lui adressant un sourire et un regard incrédule, il croisa les bras sur son torse, arquant un sourcil, faisant semblant de croire à son histoire. « franchement… ça aurait été chouette de me faciliter la tâche. Mais je sais aussi que du haut de nos grands âges, ce n’est pas toujours simple ! » il lui adressa un clin d’oeil et rit légèrement : « Oh ! Trop fort ! j’espère qu’il y en a au moins Un qui s’appelle Hemnes ! La meilleure gamme selon moi, par ailleurs ! Et puis… s’il est moche, il pourra toujours se reconvertir dans une carrière d’armoire, le tour est joué ! » il rit, écoutant Mary lui décrire son type d’homme et arqua un sourcil : « Hm. J’vois que je remplis tous les critères. Surtout concernant le muscle : en plein dedans ! » et gonflant son biceps, il ricana, l’air moqueur, hochant la tête : « ok. J’vais voir ce que je peux faire ! » il fit mine de se concentrer, l’air sérieux, et accosta le serveur qui s’approchait d’eux : « Bonjour ! Désolé. Aujourd’hui, je ne serai pas marrant : mon amie m’a demandé d’être sérieux. Dommage, n’est-ce pas ? » il reposa son regard sur la carte, et lança : « Alors… pour moi, ce sera une bavette s’il vous plait. Avec des frites. Hm… Oh ! Et on voudrait du Pinot noir, aussi, s’il vous plait. » adressant un sourire poli au serveur, il referma la carte, et commanda ce que Marylin lui avait dit.

Moqueur, Oliver adressait un grand sourire à Marylin, alors qu’elle faisait sa commande. La pauvre. Il s’en voulait, de la taquiner ainsi, mais en vérité, c’était plus fort que lui. Après tout, vous savez ce qu’on dit : qui aime bien chatie bien, non ? Du moins, c’était ainsi qu’il voyait les choses…
« fort bien. j’en prends note. Dès que j’ai découvert un truc… j’te tiens au courant ! » avait il répondu amusé. Et une fois le serveur parti, il arqua un sourcil, applaudissant lentement, sarcastique : « alors là… chapeau ! Franchement, je suis épaté ! t’as géré la situation comme une bête ! Imperturbable, que tu étais ! » conclut-il, riant. Et lorsqu’il eut fini de se moquer, il haussa les épaules : « plus sérieusement… désolé. J’ai été un gros con. Mais… j’adore t’embêter, tu le sais non ? » lui adressant un clin d’oeil, il vida ensuite son verre à la vitesse de l’éclair.

Oliver avait la connerie. Etait-ce de sa faute, si rester avec des gens sérieux ou calmes réveillait le gamin en lui ? Non. Enfin… probablement que si, mais lui, n’entendait pas cela de cette oreille, aussi avait-il décidé de taquiner son amie, peut-être un peu trop, d’ailleurs. Mordant l’intérieur de sa joue un peu gêné, réalisant que si ça le faisait rire, il n’était pas seul, il se senti tout à coup coupable. Pire encore : responsable ! Lui ? Connaître ce mot ??? incroyable ! Il hocha la tête, un sourire amusé étirant ses lèvres « ouais… fin, sauf si en fin de compte, tu décides de me laisser sur répondeur, j’suis aussi chiant que les mecs de l’isolation à un euro ! » il ricana, lui adressant un clin d’oeil moqueur et reprit de plus belle « qui te dit que ce n’était pas voulu ? Peut-être … que c’était exactement parce que tu ne pouvais pas me traiter d’andouille devant lui, que j’étais déchainé ! » intenable. Il était parfaitement intenable. « Plus jeune, on m’a diagnostiqué hyperactif. Quelle connerie ! c’est n’importe quoi ! » dit-il en regardant son téléphone, commençant à écrire un message, s’arrêtant pour regarder à la fenêtre : « la vue est belle ici ! » de nouveau, son regard divagua et se figea sur une mouche en plein vol « on disait quoi déjà ? ah. Oui. L’hyperactivité. N’importe quoi ! j’suis pas du tout... hyperactif !» termina-t-il d’articuler en jouant avec le coin de sa serviette en papier !

Il écouta avec attention Marilyn, ne sachant quoi dire. Là, il fallait bien admettre qu’elle l’avait mouché dans les règles de l’art. Riant, il reposa son verre « ouh. Touché. C’est pas très gentil tout ça ! Sévère… mais juste.  Je l’ai bien cherché. Il ricana de bon coeur avant de lui adresser un sourire. Il ne prenait pas mal ses remarques : entre eux, il y avait toujours eu ce petit truc de chien et chat.
« Pas de problème. Merci de me prévenir ! j’apporterai mon shampoing dans ce cas ! » avait il rétorqué en riant. Manque de chance, elle n’avait pas lâché le sujet de l’hyperactivité. Une simple blague qui tournait mal. « non. Je n’ai jamais eu de traitement, et c’était surtout une plaisanterie, rassure toi. » en revanche, il avait toujours eu du mal à se concentrer. Et ça n’allait pas en s’arrangeant, à mesure qu’il buvait.