KAY MEEHAN | Il fallait que ça arrive ! On est surs que c'est le seul témoin ?

Et à mon grand malheur mon collègue me confirme que oui. Je trottine à coté du brancard qui roule maintenant vers les urgences. Un meurtre crapuleux venait d’avoir lieu. D’ordinaire on fouille, on cherche des indices, on se casse la tète, mais aujourd’hui avec un peu de chance ça ne serait pas le cas. Un témoin a été trouvé et nous nous sommes rendus chez lui pour l’interroger. Hélas, à notre arrivé, l’homme gisait dans on propre sang. L’assassin était visiblement déterminé à ne pas se laisser attraper et on a bien cru que c’était fichu, jusqu’à ce que le gars se mette à bouger.

Ce qui nous amène ici, dans cet hôpital que je fuis comme la peste. J’ai horreur des hôpitaux, j’ignore pourquoi d’ailleurs. Peut être parce qu’il me rappelle mon père ? Non, impossible, les hôtels ne me mettent pas mal à l’aise, pas plus que le ski d’ailleurs. Quel rapport ? Ma mère travaille dans une station de ski. L’infirmier me demande de reculer, tandis qu’il passe la fameuse porte que personne ne peut passer. Je tente de montrer ma plaque, mais rien n’y fait, mon collègue lui-même me signale à juste titre que j’ai l’air ridicule et me paye un café. Je m’installe, enlève ma veste et la dépose sur le siège à mes cotés et bois un coup de café.

KAY MEEHAN | Je n'aime pas le café...

Non, ce café la particulièrement est dégueulasse, mais en règle générale je déteste le café. J’avais dis ça à l’attention de mon collègue, mais me rend compte que je suis désormais seule. Parti pisser ? Fumer une clope ? Aucune idée. Je m’en fiche un peu en fait. Je sirote un coup de l’affreux breuvage…Non, décidemment c’est vraiment infecte. Je jette le gobelet dans la poubelle à coté de moi et mon regard se perd dans la contemplation des patients…Enfin devrais-je dire…Les patientes…Ne me jugez pas, je suis célibataire, ça n’est pas interdit de regarder le menu.

Mon regard se pose sur l’une d’entre elle en particulier. Brune, habillée comme une bucheronne, un bonnet gris sur le crane. Elle tient de la gaze sur son bras ensanglanté. Je me dis que ça doit faire mal. Je la regarde sans vraiment la regarder, elle part discuter avec une infirmière et c’est la que je cesse de la regarder ce que je viens de voir est…Plus surprenant…des cheveux roux, un beau visage…Un visage connu. Je me fige et la regarde sans bouger partagée entre l’envie qu’elle me voit et celle de foutre le camp. Je balbutie…

KAY MEEHAN | Roxane ?

Cela faisait des années que je n'avais plus vu ma soeur...


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Vous avez déjà manqué vous faire écraser pas une voiture ? Genre VRAIMENT ? Toute votre vie défile dans votre tète et au final vous vous rendez-compte que vous auriez pu faire mieux. Il y a un tas de choses que j’aurais pu faire mieux, mais toutes m’ont amenée la ou j’en suis. Ou en suis-je ? Au milieu d’une salle d’attente bourrée de patients face à ma sœur qui ne me voit pas dans tout le bordel ambiant.

J’avais quitté la maison familiale suite à une dispute avec nos parents sur la question de mon homosexualité. Je me souviens avoir été très énervée et la colère avait obscurci mon jugement, aujourd’hui je ne suis plus capable de dire si j’avais vraiment raison, mais pour quitter la maison comme je l’ai fais, je pense que je devais être dans mon droit, mais Roxane ? Je l’avais lâchée comme ça, du jour au lendemain, avais-je vraiment le droit moral de revoir ma sœur ? Si elle avait fichue le camp de cette manière je l’aurais probablement reniée quelques temps.

Roxie n’était pas au courant de la raison de notre dispute et je ne pense pas que les parents lui aient parlé du sujet qui fâche. Peut être était-ce à moi de lui en parler. Un coup de cœur me poussait en avant, franchissant les obstacles jusqu’à la rouquine, les larmes aux yeux je me jetais dans ses bras. Avait t’elle eu le temps de me voir ? Rien n’est moins sur. Je devais avoir l’air d’une malade mentale, je me recule pour qu’elle puisse enfin me voir.

KAY MEEHAN | Je suis tellement désolée d'être partie de cette manière...

Cela faisait quelques années que je ne l’avais pas vue. Durant notre enfance nous étions pourtant si proches, si seulement j’avais pu assumer certaines parts de ma personnalité plus tôt, Roxane n’aurait pas eu à en souffrir. Allait t’elle seulement me reconnaitre ? Certes les rousses ne courent pas les rues, mais toutes ne sont pas forcement des Meehan. Cela dit, les liens du sang sont plus forts que tout et si j’avais pu la reconnaitre, elle me reconnaissait surement.


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Je me sens perturbé alors même que ma sœur me demande si l’on se connait. Après toutes ces années je ne pouvais pas avoir tant changé, si ? Cela me faisait tant plaisir de la revoir. Je ne m’étais pas retournée lorsque j’étais partie. Pas par colère, ni par envie, j’avais juste la haine et le besoin d’être seule, mais elle était la, devant moi : la toute première meilleure amie que j’ai eue et pour ainsi dire la seule personne avec qui j’aie été aussi proche et elle semblait ne pas reconnaitre. Peut être était t’elle en colère.

Autour de moi, un vacarme assourdissant se déroulait. Les civières circulaient, les cris des médecins et des patients emplissaient la pièce. Nous étions aux urgences, probablement l’endroit le plus animé de la ville. Ca se bousculait partout, mais pour ma part je n’entendais plus rien. C’était comme si une bulle d’air s’était formée autour de nous. Je ne remuais plus un muscle et le temps me paraissait une éternité. Finalement Roxane semblait me remettre, comme si elle l’avait fait exprès. Peut être était t’elle en colère, après tout je n’avais donné aucune nouvelle depuis plusieurs années. Les premières années, je me disais qu’elle ne comprendrait pas, les années suivantes j’avais peur de sa réaction, puis un beau jour je m’étais faite à l’idée que nous ne nous reverrions jamais.

KAY MEEHAN | C'est bien moi Roxie...Je travaille aussi depuis quelques années...

La scène était surréaliste. Je me sentais comme quand j’étais gamine et que je jouais une pièce de théâtre devant l’école. C’était comme si le dialogue avait été écrit par quelqu’un d’autres. Quelqu’un me bousculait pour passer et filait aux toilettes. Je me rendis vaguement compte à ce moment la que la fille à la blessure du bras venait d’être envoyée en salle par ma propre sœur. Je ne remarquais plus rien comme dans un état second et eu même l’impression que j’allais m’évanouir. Trop d’émotions, je devais m’assoir. Ma main toucha le dossier de la chaise de la réception et je m’asseyais, mes jambes flageolantes me remerciant silencieusement pour ce coup de main inattendu.

KAY MEEHAN | Je...Je ne pensais plus jamais te revoir...


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Je reprenais mon souffle petit à petit. Soit c’était l’émotion, soit la bouffe indienne était définitivement de la merde. Je regardais ma sœur dans les yeux en soufflant comme si j’allais accoucher, surement une idée à la con, mais vu mon état je n’avais vraiment pas les idées claires.

KAY MEEHAN | Je bossais en labo...Jusqu'à tard le soir, j'apprenais les ficelles du métier, je ne suis sur le terrain que depuis peu.

Et c’était vrai : l’apprentissage était si épuisant que lorsque je rentrais je dormais instantanément. Ma sœur était ici, dans la même ville que moi alors que je pensais ne plus jamais la revoir. J’avais tellement peur de lui refaire face. J’avais coupé les ponts sans rien dire et plus el temps avait passé, moins j’avais osé lui parler pour au final me dire que c’était normal. Belle erreur, je le savais maintenant ! Ma sœur était ma meilleure amie et j’avais besoin d’elle dans ma vie. Je la regardais incrédule tandis qu’elle me donnait des conseils pour calmer ma nervosité.

Elle me disait de mettre ma tète entre mes jambes comme lors d’un crash d’avion. Je m’exécutais, me sentant sombrer dans les pommes, mais ce qu’elle me disait ensuite me donnait un regain de vigueur.

KAY MEEHAN | [color=#ffffffQuoi ? Morte ? Comment ? Et qui t'as raconté ça ? Je vais très bien...Enfin un peu sonéne par la nouvelle, mais je suis vivante.[/color]

Qui avait pu dire une telle chose ? Si c’était une blague ça allait mal se mettre ! Un canular peut être, une blague de mauvais gout peut être, ma tète me tournait à nouveau et je replongeais la tète entre les genoux pour aller mieux.Ca faisait du bien, mon mal de crane s’évaporait petit à petit, moi qui avait toujours cru qu’il fallait lever les jambes en l’air lors d’un malaise, je pouvais être fière de ma petite sœur…comme je l’avais toujours été en fait.

KAY MEEHAN | Je crois qu'il faut que je mange unt ruc, vous avez une cafétariat ici ?

Question débile : évidemment qu’ils en avaient une, c’était un hôpital après tout. Sur le coup j’en oubliais l’affaire en cours. Ca n’était pas plus mal, j’avais d’autres chats à fouetter sur le coup. Ma petite sœur était la, avec moi. J’avais tant de choses à lui raconter et à lui demander que s’en était limite génant.

KAY MEEHAN | Raconte moi tout...Tu es mariée ? Des enfants peut être ? Fiancée au moins ?


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Il était plaisant de retrouver Roxie, même si les années étaient passées et que les choses avaient changées. Pourtant elle semblait curieuse de mon passé et je réalisais que je m’embrouillais toute seule. Je frottais le dos de ma main contre mon front pour évacuer un peu de sueur suite à la surprise.

KAY MEEHAN | Oui...Non...Je m'embrouille pardon...Cela ne fait pas très longtemps que je suis ici, j'ai été transferé récemment et je bossais dans les autres labos de formation...Je n'ai rejoins l'équipe de Mac que très récemment...On a pu se croiser sans s'en apercevoir...Je ne connais pas encore tout le monde dans le service. Je suis souvent sur le terrain. C'est un peu compliqué, mais il me fallait une formation en labo pour intégrer définitivement le bureau.

Cela ne s’était pas fait de manière conventionnelle je devais le reconnaitre, mais j’avais un job ce qui était de plus en plus dur à trouver par les temps qui courraient. Je commençais à me sentir un peu mieux. La surprise m’avait mise à terre, mais je commençais à m’y faire. C’était ma petite sœur et cela me faisait plaisir de la retrouver. Malheureusement ma joie fut de courte durée, Roxane m’apprenait que mes propres parents avaient décidés de me faire passer pour morte ? Avaient-ils à ce point honte de ma sexualité ? Et Roxane qu’en penserait t’elle ? Me rejetterait-elle aussi ? Même si je m’assumais, perdre ma sœur pour une histoire aussi stupide ne me disait rien, aussi préférais-je garder cela pour moi pour le moment. Je lui dirais et même fort probablement aujourd’hui, mais pas maintenant. En plus les parents m’avaient soit disant faite incinérer ? Était-ce vraiment possible de faire passer quelqu’un pour mort légalement ? Surtout quand la dite personne est bien en vie et travaille chez les flics de surcroit ? Peu importe, j’imaginais que c’était surtout les proches qui le pensaient.

KAY MEEHAN | Oh, ne t'inquiète pas, je n'ai pas été incinerée, mais je brule de rage la...Comment ont t'ils pu me faire ça sérieusement ?Si je les revois il vont regretter que je ne sois pas vraiment morte !

Roxie parti demander une pause pour qu’on aille manger. J’en profitais pour passer un rapide coup de fil à mon collègue, lui expliquant que j’allais interroger quelqu’un (ça n’était pas tout à fait faux) soupirante, je me pris un Coca à la machine pour m’aider à récupérer un peu d’énergie. La journée avait été longue, mon service touchait bientôt à sa fin, une heure plus tard c’était la quille, mais je ne ferais pas patienter ma sœur aussi longtemps, surtout que nous avions visiblement des choses à nous dire. Ma mini moi revint, m’expliquant que nous allions aller manger un morceau dans un petit snack pas loin, répondant à ma question du même coup.

KAY MEEHAN | Non...J'avais...Quelqu'un quand j'ai quitté la maison, mais elle...Cette personne ne voulait rien de sérieux...D'ailleurs je n'ai rien eu qui s'apparente de près ou de loin à du sérieux depuis....C'est comme si plus personne dans cette ville ne savait ce que "relation sérieuse" signifie. L'amour devient de plus en plus artificiel j'en ai peur.


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J’étais rassurée de voir que ma sœur semblait heureuse, ainsi donc elle avait un homme dans sa vie et un taff qui lui plaisait. J’avais cette sensation que nous étions 2 vieilles copines qui s’étions retrouvées, hors la dernière fois que nous avons été aussi proches nous étions enfants. Même avec des années de distance, ma sœur restait ma sœur, celle qui avait partagé mon enfance et m’avais fait vivre mes bons moments…Ok, on ne va pas se mentir il y en a aussi eu des moins bon, mais c’était des soucis de gamines ! Nous avions désormais changé. Chacune avait sa petite vie, elle avec son homme et moi…Avec mon chat..Si j’en avais un…

KAY MEEHAN | Avec plaisir, tu passe quand tu veux, ça me fait tellement plaisir de savoir que tu vas bien !

J’étais malgré tout furax que nos parents aient préféré dire à ma sœur que j’étais morte, plutôt que de lui dire la vérité « hey Roxie, tes parents sont homophobes et ils ont gentiment demandé à ta goudou de sœur d’allez se faire voir ailleurs…Bon ok, j’avoue, ils ne m’ont pas fichue dehors, c’est moi qui suis partie, mais cela ne changeait rien : me faire comprendre que j’avais juste à gentiment dégager passait encore, ne pas comprendre mon orientation, j’ai du mal à l’avaler, mais ça va, mais me faire passer pour morte auprès de ma dernière connexion potentielle auprès de notre famille, ça je ne pouvais pas l’accepter ! D’accord, je n’ai pas toujours été une fille facile à vivre et ok, j’aurais, effectivement pu donner des nouvelles à Roxane, mais la, ils avaient clairement été trop loin. Roxane m’expliquait qu’elle aussi avait tourné la page avec les parents depuis 3 ans. Je gardait ça dans un coin de ma tète.

KAY MEEHAN | Ils ne perdent rien pour attendre ces deux la !

Roxie et moi avons fini par partir manger dans un petit snack pas loin de la. Je n’avais plus vraiment besoin de manger : ma santé allait mieux, mais de toute manière il était l’heure de se restaurer, alors autant en profiter pour inviter la frangine. C’était l’occasion d’en apprendre plus sur elle et visiblement de lui en apprendre plus sur moi. Roxie me disait qu’il existait surement encore des hommes bien et qu’il fallait juste les trouver. Si elle savait à quel point je ne cherche plus d’hommes depuis bien longtemps. A un moment donné, il faudra le lui dire, il faudra qu’elle sache que sa sœur préfère les filles, mais une peur indicible me martèle la poitrine comme pour me dire « elle va te rejeter comme tes parents ! »


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Je retrouvais ma sœur et évidemment ça faisait du bien. J’étais assez seule au final, quelques amis, mais pas grand-chose. J’avais beaucoup souffert et donc la solitude me permettais de me ^protéger. C’était comme une armure anti souffrance.

KAY MEEHAN | Oui bien sur, passe quand tu veux et non, il n’est pas dans mes projets de quitter la ville, j’ai eu assez dur à venir ici pour en repartir aussi vite.

J’avais toujours voulu vivre à la capitale, hélas les moyens me manquaient, depuis j’avais pu venir ici grâce à ma formation. Mon arrivée était récente, j’étais encore dans mes cartons. L’endroit était aussi grand qu’on ne me l’avait vendu et même si je trouvais Seattle plus beau, New York m’attirait inexorablement. Comment pouvait t’il en être autrement : ses architectures, ses taxis, son ambiance. J’étais aussi la car le taux de criminalité était plus important dans cette ville et je voulais que mon travail soit utile la ou l’on avait besoin de moi et c’était ici qu’on avait besoin de moi. Rien que cet hôpital le prouvait, une grosse partie des blessés n’étaient pas la par accident.

Roxane m’expliquait qu’elle aussi leur avait fermé la porte. Elle me disait ne plus vouloir leur parler. Bien sur j’aurais pu me contenter de ça, mais non, l’envie de vengeance bouillonnait, je décidais de laisser pisser pour le moment, mais tôt ou tard je les confronterais. Nous arrivâmes dans le snack et je posais mes fesses sur le siège. J’arrêtais mon regard sur un plat à base de poulet frit quand ma chère sœur attirait mon regard une fois de plus avec une question un peu génante.

KAY MEEHAN | Heu...Sans doute...C'est juste que moi...Je ne tourne pas forcement autour des mecs.

Le moment était venu, comment Roxane allait t’elle réagir ? Il était vrai que beaucoup d’hommes avaient tenté leur chance, mais que je les avais tous rembarrés, en temps normal j’assumais totalement mon orientation, mais perdre mes parents me freinais un peu à l’idée que Roxane puisse me rejeter alors que je venais de la retrouver. J’avais prononcé la phrase en concentrant mon regard sur le menu et je n’osais plus lever les yeux.


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C’était comme une véritable bouffée d’air frais de me trouver ainsi en compagnie de ma sœur. On ne s’était plus revue depuis si longtemps que je la redécouvrais. Selon ses dires elle devait penser pareil pour moi. Je la voyais déjà s’inquiéter de me voir repartir. Je souriais et lui fis un clin d'oeil.

KAY MEEHAN | Tu n'aura pas besoin de me bourrer de sédatif dans ta cave tu sais...Et de toute façon séquestrer un flic c'est illégal.

Je plaisantais bien sur, pas pour le coté illégal, mais je savais qu’elle disait ça pour rire, c’était évident et j’avais continué sur le ton de la plaisanterie. Roxane m’expliquait la dernière fois qu’elle avait vu nos géniteurs. Elle me parlait de la vielle tante et de ses bonbons, comment oublier ça ? La moitié de mes dents de lait avaient fichues le camp à cause de ces saletés de bonbecs ! Ainsi donc elle était morte ? Cela ne me faisait pas grand-chose. Je l’aimais bien quand j’étais gosse, mais depuis le temps était passé et mes souvenirs avec elles s’étaient estompés.

Alors que je venais d’avouer à ma sœur mon homosexualité, elle eut la réaction que j’aurais voulu que mes parents aient : elle semblait s’en fiche. Pas dans le sens qu’elle se fichait de ce que je ressentais, mais plus dans le sens qu’elle se foutait pas mal que je préfère les filles aux mecs, elle considérait la nouvelle comme si je venais seulement de lui dire que mon plat n’était pas sassez salé ou que mon lacet était défait, elle n’en faisait pas une affaire d’état et c’est ça qui me touchait le plus : elle agissait comme si ça n’avait rien de choquant.

KAY MEEHAN | Tu es vraiment la meilleure soeur du monde....Et bien non, pas beaucoup de succes, hélas, les filles qui aiment les autres filles ne courent pas les rues...


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Je ricanais alors qu'elle m'exposait ses "circonstances atténuantes".

KAY MEEHAN | Pas sure que ça marche....Sauf si on a dans sa poche un juge, un procureur et un flic..Ok je risque de perdre ce procès !

Roxane faisait preuve de tolérance vis-à-vis de moi et s’étonnait que je puisse en être surprise, mais mes propres parents m’avaient jetés pour cette raison et ne parlons même pas de ma copine de l’époque "quoi ? T’avais vraiment craqué ? Nan, mais nous deux c’était juste pour s’amuser, t’sais bien ? Je voulais tester avec une meuf quoi !" Ces mots m’avaient transpercés la chair, aujourd’hui je m’en fichais, j’avais tourné la page. Depuis j’étais blindée niveau sentiments. J’étais passée par une mauvaise passe à base de flirts d’un soir, mais je me savais maintenant capable d’aimer sur du long terme, il me fallait juste une personne avec qui partager ça. En fait, j’ignorais même mes gouts en matière de filles, bien sur j’étais attirée pour une raison ou une autre, mais jamais la même, ce qui faisait que si l’on me demandait mon style de fille, j’aurais eu bien du mal à répondre.

KAY MEEHAN | Oh tu sais, j'aime les arbres, mais c'est moins pratique comme relation.

Je me penchais discrètement pour ne pas être entendue.

KAY MEEHAN | La proportion n'est vraiment pas pratique pour...Certaines choses..

Dis-je en rigolant. Je n’aime pas beaucoup l’humour gras ou sexuel, mais de temps en temps ça fais du bien d’être un rien plus bourrine que d’habitude. Puis c’était ma sœur, elle ne connaissait pas cet aspect de moi alors que si les choses s’étaient passées comme elles auraient du se passer dans n’importe quelle famille normale, elle aurait connu ma personnalité et ce besoin de lâcher prise une fois de temps en temps.


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Il était amusant de voir ma chère sœur s’inquiéter de me voir partir. Ca n’était clairement pas dans mes projets, d’abord parce que j’avais voulu être ici, ensuite parce que cela me couterait bien trop cher de repartir et enfin et surtout parce que maintenant qu’elle était la, j’avais une motivation de plus pour rester. Bien sur je découvrais encore la ville, comme cet endroit, un snack sympa ou je pourrais passer de temps en temps.

KAY MEEHAN | T'es vachement cullotée de menacer ainsi ta grande soeur, dois-je te rappeler le nombre de fois ou je t'ai mis la patate en bataille de polochon ?

Les vieux souvenirs d’enfance remontaient à la surface, je me faisais une piqure de rappel : la complicité que nous avions étant gamine n’était pas oubliée. En fait, c’était comme si nous n’avions jamais été séparée. Avoir une sœur c’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas et même si nous avions gagné en maturité, nous étions clairement toujours aussi proches l’une de l’autre. Je grimaçais à l’évocation des branches.

KAY MEEHAN | Tu crois que si on tombe enceinte d'un arbre on peux accoucher d'un Baby Groot ?

Les enfants…C’était amusant comme ce fut le premier sujet duquel les parents s’étaient inquiétés par rapport à mon homosexualité, je les entendais encore : « mais enfin, tu n’y penses pas ? Comment fera tu pour avoir des enfants ? » Ils me disaient qu’un enfant adopté ne serait jamais autant aimé qu’un enfant naturel. C’était d’un stupide ! Déjà parce que : si un enfant adopté peut être aimé autant qu’un enfant naturel, ensuite parce que, comme je leurs avais répondu : un enfant adopté par moi serait toujours plus aimé qu’un enfant naturel à eux. De toute manière la question ne se posait pas : je ne voulais pas d’enfants, jamais ! Aucune discussion possible autour de mon utérus !

KAY MEEHAN | Et donc tu as un chéri ? Si tu m'en disais plus à son sujet ?


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Ma sœur me provoquait, je ne pouvais définitivement pas laisser passer cela. Dans notre enfance, je jouais souvent à la bagarre avec elle. D’une manière douce évidemment, pas question de se mettre sur la gueule ! J’avais toujours été la plus masculine des deux.

KAY MEEHAN | Tu parles ! Je reste ta grande soeur, tu me dois respect et obéissance simple mortelle mouhaha !

Disais-je d’une manière théâtrale en me recoiffant Loreal style ce qui fit ricaner une fille à la table à coté. Je continuais ainsi de manger, regardant patiemment l’heure pour être sure de ne pas empiéter sur l’horaire de ma chère sœur. Il fallait dire que dans nos métiers nous avions rarement l’occasion de prolonger nos horaires, les criminels comme les blessés ne pouvaient se permettre d’attendre. Nous avions encore un peu de temps devant nous. J’en profitais pour commander un coca et m’effondrais dans ma chaise.

KAY MEEHAN | Etre flic c'est épuisant, mais j'imagine que ton métier n'est pas de tout repos non plus...

J’écoutais patiemment ma sœur me parler de ses amours, ce qui mettait en lumière que j’avais complètement foiré les miens. Après il fallait être honnête : je ne suis pas le genre de fille à se définir par un partenaire. Je savais que ce genre de chose viendrait en temps et en heure, mais sur le coup cela me faisait réaliser à quel point j’étais seule. Oh bien sur certains collègues me trouvaient à leur gout, certains ont même tenté des approches, allez boire un café, faire connaissance autour d’un verre, mais hélas tous de la gente masculine. Il y avait bien une boite gay féminine en ville, mais je n’avais aucune envie de trainer dans ce genre d’endroit. Je l’avais fais auparavant et j’avais vu à quoi j’avais affaire. Les féministes qui prétendent que les mecs sont des porcs devraient mettre un pied dans ce genre d’endroit : c’est sale. Ca pue la coke, la drogue et le sexe, les filles se roulent des patins couchées sur les tables sans que personne ne s’en préoccupent et se bouffaient les amygdales alors qu’elles se connaissaient à peine. Peut être étais-je tombée sur une mauvaise boite, mais ça n’était définitivement pas pour moi.

KAY MEEHAN | Vu comme tu en parles, je crois que tu as trouvé le bon...Je te le souhaite en tout cas...

Et c’était totalement sincère. Ma chère sœur, mariée, ça me foutait un choc. La dernière fois que je l’avais vu elle s’était mariée avec sa peluche préférée. Ce genre de souvenir ne me rajeunissait pas. Je repensais à cette époque avec une certaine nostalgie. A l’époque je ne savais évidemment pas que j’allais oublier James Bond au profit des James Bond girl. Tout était plus simple. J’étais même amoureuse d’un chanteur quelconque de l’époque. Comment s’appelait-il déjà ? Dire qu’à l’époque j’étais persuadé d’être amoureuse et que maintenant je ne revenais carrément plus sur son nom. La vie est drôle parfois. Je terminais mon Coca et regardais une dernière fois l’heure.

KAY MEEHAN | Mince, il ne nous reste plus ebaucoup de temps, on va bientôt devoir y aller je pense.


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KAY MEEHAN | "Fifi brin d'acier hein ?"

Je ne pu m'empêcher de saisir deux de mes mèches de cheveux et de les maintenir comme deux couettes pour imiter l'héroïne du sitcom précité. Je n'avais jamais vu aucun épisode, mais la référence était plutôt correcte: une petite rouquine, un peu masculine à la force herculéenne. J'étais pareille dans mon enfance...Avec une plus belle coupe de cheveux et moins de force physique. Ma force de l'époque me venait surtout de mon coté protectrice envers ma petite sœur, un sentiment qui avait diminué avec l'apparition des hormones, la rencontre avec les garçons, puis avait été réduit à néant avec la découverte de mon homosexualité.

Roxane aimait son job et c'était bien la le principal, moi même j'aimais ce que je faisais et malgré tout ça n'était pas toujours aussi simple. Les horaires étaient prenants, mais une fois en dehors il fallait encore réfléchir, les inspecteurs qui prenaient du bon temps en mode "je m'en fous" une fois dehors des heures de travail étaient vite assez mal vus, heureusement ils étaient rares, car bien avant de penser à toucher notre chèque nous pensions à arrêter des meurtriers et rendre la ville plus sure. Il était idiot de faire carrière dans la criminologie juste dans le but de toucher un salaire, d'abord parce que les études étaient très longues et pénibles et ensuite parce que le salaire n'était pas mirobolant. En clair: si on veut faire un job juste pour la paye, le secteur des forces de l'ordre était à proscrire, c'était typiquement le genre de job, comme le médical ou il fallait avoir une vraie passion.

KAY MEEHAN | Oh comme je te comprends. Je ne me serais pas autant accrochée à ce que je fais si ça n'était par amour pour mon job.

La remarque sur mes amours me fit sourire. Il était déjà tellement difficile de rencontrer quelqu'un de sérieux quand était hétéro, mais alors quand vous êtes gay...

KAY MEEHAN | Je n'y manquerais pas, si je tombe sur une fille sympa, honnête et avec un peu d'humour...Et qui sait la faire la cuisine...Ou qui connaît de bonnes adresses....

Je disais cela en plaisantant bien sur. Mon coming out avait été fait il y avait de cela des années et pourtant cela me semblait toujours aussi nouveau. Je n'aurais su définir mon style de fille tant j'avais peu d'expérience dans ce domaine. J'avais été attirée par un tas de filles différentes: des blanches, des blacks, des bimbos, des gothiques, je passais d'un extrême à l'autre sans trop savoir si je me cherchais ou si j'avais juste des gouts très variés. Le temps filait bien trop vite avec ces retrouvailles impromptues, plus qu'une vingtaine de minutes...

KAY MEEHAN | 20minutes ? Ne t'inquiète pas je te lâche pas, je suis tellement heureuse de t'avoir retrouvée, nos parents ont tout fait pour nous séparer, mais au final ils restent dans leur médiocrité et nous on est réunies...On les emmerdes.

Pas très charitable de dire ça des gens qui m'ont enlevée, mais ça avait le mérite d'être honnête.


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