Super ! De tous les flics de ce commissariat, fallait que je tombe sur celui qui en a rien à foutre le plus. Je soupire en regardant mon avocate et fini par me tourner vers le gars qui vient d’entrer. Bon commencer par me présenter elle a dit. Je m’appelle Aiden Burton et je suis venu avouer un crime pour m’innocenter d’un autre. Et voilà comment tout foutre en l’air en une phrase. Je savais que je n’aurais pas dû prendre la parole. Au moins ça a le mérite d’être clair. Je m’adosse à la chaise et souffle un bon coup. Normalement ça devrait aller mieux pour la suite. Enfin je peux pas faire pire de toute façon. Et peut-être qu’il en aura moins rien à faire…

Alors comme ça elle le connait ? Je fais alors attention au nom sur le badge et reconnait celui du chef de la police, qui est aussi le compagnon de mon avocate. Alors monsieur est en face de sa belle-mère et ça n’a pas l’air de lui plaire. Mais cette façon qu’elle a de lui demander si c’est dans ses cordes… mon dieu si je n’étais pas celui qui se constitue prisonnier j’aurais sans doute explosé de rire. Je n’arrive d’ailleurs pas à retenir une esquisse de sourire. Sourire que je perds bien vite comme le stress reprend un peu et que je dois répondre aux premières questions. Alors…euh… mon crime c’est que j’ai racketté un commerçant. Le meurtre qui a eu lieu au même moment ? C’est le NCIS qui s’en occupe. Le maca…le mort est un Marines. Il me semble qu’il y a aussi une enquête en cours pour le racket… et je fais parti des suspects déjà…

Pour le moment, mon avocate ne réagit pas, ce qui est bon signe. Je n’ai pas encore dit de connerie on dirait et puis l’atmosphère semble s’apaiser un peu. Alors je suis moi aussi plus tranquille. Finalement ça se passera peut-être mieux que ce que je pensais. Il nous abandonne un instant avant de revenir pour nous dire que le dossier du NCIS est clos… Je fais ça pour rien en fait... Je soupire et baisse la tête avant de le regarder et de jeter un œil aux photos qu’ils montrent. Balancer mon boss reviendrait à signer mon arrêt de mort et je me tourne alors un peu vers Lily. Dire que j’ai des complices c’est m’exposer aux représailles, mais je ne veux pas payer comme si c’est moi qui avait monté cette affaire, je suis qu’un homme de main dans l’histoire.

Lily a raison, je dois penser à moi, ne pas tout prendre sur mes épaules. Je réfléchis encore un peu avant de finalement reprendre la parole. Je suis pas seul… Moi je me charge de la… partie physique on va dire. C’est moi qui applique les menaces. Je décide de rien. J’essaye de reprendre un peu de contenance avant de relever la tête. Mais je peux pas balancer de nom… Mon boss… il me fera buter sinon et vous pourrez rien faire contre. En plus si ça se sait que je suis une balance je connais un mafieux qui me le fera payer très cher. Je veux pas me faire tuer pour ça… Je ne suis pas seul c’est tout ce que je peux vous dire. Je risquerai pas ma vie pour vous aider.

Une description physique et des signes de reconnaissance… ça serait une bonne idée, mais je suis sûr que mon boss ne verra pas ça de la même façon. Pour lui je serais toujours une balance. Maintenant, je ne veux pas payer pour tous… j’aimerais revoir ma fille avant d’être grand-père. Comme quand j’étais à BelleVue, je dois me concentrer sur elle. Je veux apprendre à la connaitre, qu’elle me connaisse aussi et pas juste par le biais du parloir. Mais me faire tuer n’arrangera rien, alors je veux bien les aider, mais faut que ce soit plus discret. Puis arriva la nouvelle question. Je n’ai pas besoin de regarder vos photos pour répondre à ça. Quand je menace, ou tabasse quelqu’un…je suis toujours seul. Le boss me dit qui et je me démerde. Je jette quand même un coup d’œil aux photos. Il y en a un que j’ai jamais… les deux autres par contre…

Je commence à me dire que je suis tombé sur le genre de flic qui possède un mode pitbull. Le genre à ne pas lâcher. Pourtant j’aurais envie de lui faire confiance. Même si je ne le connais pas. Seulement je sais aussi depuis plusieurs minutes maintenant que je ne sortirais pas d’ici. Et j’en ai la confirmation quand il m’annonce que je suis en état d’arrestation. Je… je sais pas si c’est nécessaire… Je veux pas tout prendre sur mes épaules, mais pour ce soir-là oui j’étais seul… Je… je ne parviens pas finir ma phrase et tourne la tête vers Lily. Je ne pensais pas que ça se passerais aussi vite et je n’ai pas vraiment eu l’occasion de me préparer à passer devant un juge demain. Je me retourne vers l’officier. J’aimerais bien lui parler oui… S’il-vous-plaît…

Elle me demande d’attendre et je comprends vite pourquoi. Elle évoque mon traitement et sans précisé que quelqu’un pourrait me le ramener, ni pourquoi je dois le prendre, ce dont je lui sais gré. Elle a raison en plus, je vais pas me barrer maintenant, si je le fais je suis sûr de prendre encore plus cher. Parce que si je me barre ils vont me retrouver et je ne veux pas fuir et absolument tout perdre. Mais j’avoue que là c’est un point dans le camp du flic. Il me fait signer la paperasse nécessaire en demandant si j’ai une ordonnance et cette fois je peux répondre moi-même. Oui, j’en ai une… chez moi avec le traitement… je les ai oubliés… j’avais d’autre chose en tête aujourd’hui…

Lily en rajoute une couche et je manque de laisser échapper un sourire quand elle parle de vaisseau spatial… j’aurais bien rajouter que je pourrais utiliser la porte des étoiles dans mon garage, mais cela aurait été de mauvais goût. Finalement elle me demande si elle doit appeler Raven ou si elle ne doit rien faire. Je me penche alors vers elle et lui répond sur le même ton. Je dois prendre une partie ce soir à 22h et une autre demain à 6h… si elle pouvait me le ramener au moins… Je savais que je ne ressortirai pas de toute façon… je me redresse sur ma chaise et attend de voir la suite. Franchement, une nuit de plus ou de moins dans une cellule ne changera pas grand-chose…

Eh merde… s’il contacte Raven il se rendra compte qu’elle est psychiatre et j’ai pas vraiment envie que ça se sache, même s’il ne dira sans doute rien. J’aurais mieux fait de ne pas oublier le traitement, quoi que je ne sois pas sûr que cela aurait changer grand-chose au final. Je vais quand même devoir lui donner. Mais si c’est lui il y a trop de risque pour qu’elle dise que je ne peux pas être en cellule et elle s’arrangera pour que je sois de nouveau interné, et ça je refuse. J’y retournerai pas, maître… appelez-la vous-même, qu’elle me ramène mon traitement. Si c’est vous elle comprendra, mais j’ai peur qu’elle cherche à m’éviter la prison sinon, c’est le problème quand on est ami avec son médecin… Je me tourne vers le flic… si ça ne vous dérange pas bien sûr.