Je souris comme elle dit qu’elle m’empêchera juste de le tuer. Au moins elle viendra me voir si jamais il fait encore des siennes. Puis elle me dit que je suis le seul qui peut répondre à la question de savoir si je veux continuer avec elle. Non, je veux continuer avec toi. Mais après ton déménagement il faudra qu’on parle sérieusement à me faire sortir d’ici. Enfin pas aujourd'hui. Tu veux parler de quoi ? J’avoue que… j’ai pas envie de rester seul en fait. Pas maintenant en tout cas. Mais si tu as d’autres patients à voir vas-y. Je comprendrais parfaitement. Mon regard se perd un peu à l’extérieur. Je serais même prêt à avoir une séance là maintenant.

Je sais que tu me l'as expliqué, enfin... je dois réfléchir... je dois dire qu'une partie de carte ne me derangerais pas, mais je pense que je vais devoir m'allonger bientôt. Je cherche une positionplus agréable. Pour ce qui est de l'avocat... j'en ai pas. Enfin celle qui m'a fait sortir de garde à vue il y a quelques mois était vraiment très bien. Mais comise d'office. Alors je n'ai pas vraiment d'avocat à proprement parlé. Et puis je vais d'abord faire appel à un détective privé pour voir tout ce que je peux trouver sur eux. Je sais que ce n'est pas fairplay, mais au moins c'est légal.

Mon amie fait signe à une infirmière de venir l’aider et à elles deux elles me trouve une position moins douloureuse. Je les remercie avant que l’infirmière ne parte et juste avant que Raven ne me pose sa question sur mon avocate et qu’elle ne fasse son commentaire sur mon idée. Alors pour l’avocate oui je me souvient de son nom. J’ai même sa carte. C'est une femme géniale. Mais elle doit être débordée. Je veux pas qu’elle gère mes problèmes de famille en plus. Quant au privé. Je trouve ça tout aussi correcte que le fait d’être venu chez moi pour me menacer de me renvoyer en taule si j’essayer de voir ma fille… en plus il fallait vraiment que le pote de mon ex-beau-frère se fasse tuer et que le NCIS me suspecte…

Elle a raison je le sais. Faudrait que je contacte mon avocate avant de pouvoir dire qu’elle n’a pas le temps pour moi. Finalement, comme je m’y attendais, Raven me demande si c'est moi qui est tué le type. Je lui souris alors, me voulant rassurant. Non. Ce n’est pas moi qu’il est tué. En fait il est venu dans un des clubs où je bosse et je l’ai refoulé. Du coup il a essayé de me menacer encore une fois et je l’ai viré un peu violement en lui disant que je lui casserais la gueule s’il essayait de me faire chanter encore une fois. Le truc c'est qu’il y a plein de témoins et des vidéos surveillances et… il s’est fait tabassé à mort dans une ruelle un peu plus loin quelques heures après. Mais je ne lui ai rien fait.

Si seulement c’était aussi simple que ça… Le problème c'est que je n’ai pas d’alibi, enfin pas vraiment. J’étais avec un…mauvais payeur on va dire. J’ai pas eu besoin de le frapper… mais je l’ai un peu bousculé. Je pouvais pas avouer ça et… tant que le NCIS aura pas trouvé le coupable je serais un excellent suspect à leur yeux. Je suis pas en taule juste parce que je n’avais aucunes marques sur les mains… rien qui prouve que je l’aurais frappé aussi fort. Heureusement que j’ai pas frappé l’autre. Tu te rends compte. Je pourrais évité d’être suspecté de meurtre en avouant un autre crime… tu vois la situation dans laquelle je me trouve…

Comique ? J’aurais pas dit ça comme ça. Incongrue sans doute, mais pas comique. Elle me demande alors pourquoi je n’ai pas avouer ce que j’ai fais et surtout ce que j’entends par ne pas avoir d’alibi. En fait… c’est ce que je viens de dire. Au moment où ils se faisait tuer j’étais dans un autre quartier… à quoi 30 min de voiture… entrain de racketter un type qui possède une épicerie de nuit. J’ai utilisé une barre de fer pour lui exploser une partie des bouteilles d’alcools qu’il garde derrière la caisse. Il y a des caméras de surveillances… on ne pourra pas voir mon visage, mais c'est bien moi… je ne l’ai pas avouer parce que la police me soupçonne déjà de servir ‘’d’homme de main’’ pour ce genre d’affaire. Je ne voulais pas relancer l’affaire. Si je l’avoue j’irais en taule. Même si ça sera moins grave que pour un meurtre…

Je lui souris comme elle arrive parfaitement à résumer la situation. Un type m’a déjà reconnu il y a quelques mois. À ma voix. Peut-être qu’il pourrait arrivé la même chose. Après je suis dans le collimateur de la police. Un aveu devrait faire l’affaire. Mais je ne sais pas comment ça se passe quand on avoue un crime pour avoir un alibi pour un autre. Même si ce serait la vérité. Alors honnêtement je ne sais pas ce que je vais faire. Après je crois qu’il n'y a pas de son sur ces caméras. Je pourrais répéter ce que je lui ai dit… mais… j’en sais rien. Je sais pas ce qui est le mieux…

Mon sourire disparaît alors que je réfléchis à une solution. Je… contacterais mon avocate… mais… j’ai pas envie de retourner en taule, Raven. Ça réglerait bien des problèmes… mais j’ai pas envie. J’ai… peur d’y retourner. Mais j’ai pas envie de payer pour un meurtre que j’ai pas commis. Mais… est-ce que tu pourras me soutenir pour que je sorte d’ici ? Que je puisse montrer le tableau à Simon et m’en débarrasser ? Après ça je te jure que je parlerais à mon avocate. J’irais me rendre si elle me le conseil. Je ferais ce qu’elle me dira. Mais laisse moi régler le problème du tableau d’abord. Aide-moi. S’il te plaît.

Je retire doucement ma main de celle de Raven. Mon geste n’est pas violent, ni les paroles qui suivent. Juste blasé ou alors triste, je ne saurais pas vraiment dire. Alors je vais rester enfermé ici jusqu'à ce que j’aille en prison… merci Raven… c’est vrai que je t’imagines bien montrer le tableau toi-même et te charger de le revendre avant de filler la moitié à un mafieux… tu sais que si je ne le fais pas avant de retourner en taule il me fera tuer. Parce que faut regarder les choses en face. Même avec une réduction de peine je vais finir derrière les barreaux. Tu pourrais au moins me laisser finir ce que je dois faire. Mais on dirait que je n’aurais même pas le droit de faire ça…

Elle semble blessée par mon attitude, mais j’avoue que je le suis aussi. En tout cas elle ne se démonte pas et me donne même de quoi écrire. Je fixe la feuille sans bouger. Je… tremble ? Finalement je repose le bloc note et me relève comme je peux. J’ai besoin de me recoucher… Ma voix trahis mes larmes et je sans doute l’énorme mensonge que je viens de lui sortir. J’aimerais juste qu’elle agisse comme une amie et pas comme ma psy. Qu’elle me dise qu’elle va m’aider, me soutenir devant ses collègues pour que je puisse sortir et m’arranger pour que tout soit en ordre avant que je ne me rende. Mais non. Mon amie n’est plus là, elle ne voit plus que la guérison et occulte tout le reste… J’avais raison au final. Tu es devenue ma psy… et j’ai perdue une amie…

Je pensais que mon amie comprendrait et qu’elle m’aiderait. Mais pas comme tu le fais… pas en me laissant enfermé ici alors que je risque de ne plus pouvoir rentrer chez moi pendant un moment. Alors que je dois absolument faire quelque chose dehors, que s’en est même une question de vie et de mort… Je laisse l’infirmière me conduire à ma chambre et me recoucher. Je ne dis plus rien et retiens avec difficulté mes larmes. Je ne veux pas pleurer devant la jeune femme qui m’accompagne. Je la remercie alors comme elle me laisse seul et verrouille la porte derrière elle. Je ne sais pas si Raven va venir, en tout cas je suis sur le point d’exploser et cette fois je suis sûr de vraiment me faire mal.

Son explication est logique. En fait son point de vue est logique, mais elle n’a pas ma connaissance de ce milieu. Je crains qu’elle ne se rende pas totalement compte de ce qu’il risque de ce passer. Cette fois après plusieurs minutes à avoir essayé de me calmer, je craque. Littéralement. Je frappe tellement le mur que je m’ouvre les deux mains. Puis c’est le lit qui prend. Il n’est pas fixé au sol et bien qu’il soit lourd je parviens à le retourner. Je me fais bien sûr mal au dos, mais mon taux d’adrénaline est tellement élevé pour le coup que je n’y fait même pas attention. Je ne peux pas faire grand-chose de plus. Déjà la porte s’ouvre et plusieurs monsieur muscle arrivent. Tout ce que je peux faire de plus et d’appeler mon amie. Pas ma psy… cette fois je l’appel par son prénom devant ses collègues. Je veux juste retrouver mon amie.