Je la regarde sans rien dire avant de la suivre dans le bâtiment. Rapidement dans l’ascenseur je retire ma veste, transpirant et… Je vais en avoir une, je crois… Raven, je me sens vraiment pas bien. Je commence à respirer difficilement et c’est un peu comme si un cran de sureté avait sauté en moi. Mon cœur s’accélère et je me retiens comme je peux à la barre à côté de moi et me concentre sur un point en face. Avant de finalement me tourner vers Raven. Je suis désolé, je suis… perdu, je sais plus ce que je dis… je sais plus ce que je fais… J’ai l’impression que plus rien n’a de sens… Je suis complétement déboussoler… Je sais pas ce qu’il se passe…

Peur ? Sans doute. Mon train de vie… c’est ce que j’ai peur de perdre. Je vais faire comment ? Je pourrais pas me contenter d’un salaire de videur et je trouverais pas de boulot qui paye autant. Je me suis habitué à avoir de l’argent en permanence. Je vais faire comment… ? Je vais être à la rue… je sais pas comment faire Et voilà ma crise qui reprend de plus bel. Cette fois je peine a me calmer et je sors précipitamment de l’ascenseur quand il s’ouvre enfin, pour me laisser glisser contre le mur comme mes jambes ne me tiennent plus…

Elle vient s’installer à côté de moi et me demande de me calmer. Mais cette fois je ne peux pas. Mais si… si j’ai ma fille… fait que.. je puisse la nourrir… mon poste de videur me donne pas assez pour ça…. Je… peux… pas Ma respiration est toujours aussi difficile et je ne parvient même pas à réagir quand elle prend ma main. Elle a raison, je ne mérite pas d’être aidé. Je ne veux pas perdre mon train de vie. J’y suis trop habitué. Je replis mes jambes contre moi et de ma main libre je viens gratter mon bras. Je ne sais même pas pourquoi je fais ça. Peut-être pour me punir ?

Je l’écoute en étant un peu à l’ouest, je fixe mon bras en cherchant à reprendre mon souffle. Une ombre vient me couvrir comme un infirmier demande à mon amie si elle a besoin d’aide avec moi. Je lui jette alors un coup d’œil en la laissant répondre bien entendu. En attendant je réfléchis à ce qu’elle me dit et elle a raison pour le boulot, faut juste que je trouve quelque chose qui paye bien. Travailler pour une société de sécurité privée aurait pu être bien si je n’avais pas un casier. De toute façon je pourrais pas quitter le milieu comme ça et je pourrais mettre un peu de côté en attendant de trouver autre chose. Mais pour l’instant je dois me calmer parce que je manque sérieusement d’oxygène à force de mal respirer.

J’ai beau savoir comment faire pour me calmer impossible de le faire. Il me faut attendre qu’elle pose sa main sur mon dos pour que je parvienne a à peu prêt réussir à faire une avancée. Je fais ce qu’elle me dit l’oxygène revient doucement à un taux normal il semble. Pourtant je me sens encore très mal et je commence à avoir des vertiges, même assis au sol. L’infirmier revient avec ce qu’elle a demandé et se baisse à ma hauteur pour me tendre un cachet. Je sais que je dois le prendre, mais j’ai peur de vomir en buvant. Pourtant je prend sur moi et l’avale avec difficultés. Ça devrait aider au moins.

Je parviens donc à avaler le comprimé et une fois que je suis suffisamment calmé, l’infirmier m’aide à me relever. Mais je ne reste pas très longtemps debout et je manque de m’écrouler dans les bras du type qui me retient. J’ai des… vertiges… et… nausées… ça va… pas… Je m’accroche à l’homme comme je ne tiens pas debout tout seul. Je peux… m’asseoir ? Ou m’al…. M’allonger ? Je ferme un instant les yeux. Avant de fixer Raven avec un regard suppliant.

L’infirmier me tient assez fermement et lorsque Raven me donne le feu vert pour retourner dans la chambre, je me laisse entraîner sans résistance. De toute façon je n’ai pas assez de force pour ça. Une fois allongé je ne sens même pas l’infirmier piquer mon bras, je m’endors tout de suite, ou alors je perds connaissance, pour ce que j’en sais. J’ouvre les yeux un peu plus tard, toujours dans le lit, avec la perfusion. Je suis toujours un peu dans les vapes, mais moins qu’après les précédentes crises. La porte de ma chambre et fermée, bien que le personnel médical puisse voir à travers la vitre. Doucement je m’assoie au bord du lit alors que la porte s’ouvre sur mon amie. Ma main pour un pansement à cause de la brûlure. Je la regarde en souriant un peu nerveusement. Un peu comme un gosse qui attend que ses parents l’engueulent en essayant de les amadouer un minimum.

Je me doute que tu dois pas engueuler tous tes patients. Je te donne du fil à retordre non ? Je regarde ma main et frissonne un instant. Je commence à le sentir et à avoir mal. Je me souviens de quand on est sortie de l’ascenseur, mais pas du reste. Enfin je sais que je me suis sentis mal, mais je ne pourrais pas dire que quoi j’ai parlé. Tu peux peut-être me rafraîchir la mémoire ? Je me décale sur le lit au cas où elle voudrait s’installer avec moi sur le lit. Sinon elle peut toujours prendre la chaise et se mettre en face. J’avoue que je suis surpris de ne pas être attaché pour cette fois.

Je suis plus vieux, mais pas forcément plus mature. Je ricane un peu avant de me faire plus sérieux. J’ai divagué donc, mais pas parlé de grand-chose. C’était si décousue ? Pour le coup du suicide, là je baisse les yeux. Je m’en souviens très bien, tout comme de la claque que je me suis pris de sa part. Je ne suis donc pas attaché parce qu’ils veulent me montrer qu’ils me font confiance. Ils ne devraient peut-être pas, mais je ne vais pas lui dire. Je me souviens très bien du jardin, mais c’est une fois dans l’ascenseur que ça devient flou. Je vais essayer de pas vous faire perdre plus de temps, je promets rien, mais je vais essayer, faire mon maximum, je t’en donne ma parole.

Enorme dilemme pour moi. Rester ici et profiter du calme ou prouver que je veux faire un effort et prendre sur moi ? Je réfléchi un instant avant de tourner la tête vers mon amie. Tant que j’ai besoin de ça… Je désigne la perfusion. J’aimerais rester ici. Mais après, suivant l’heure j’irais en salle commune. Je lui adresse un sourire. C’est bizarre, mais… J’ai pas l’impression d’avoir besoin de lutter pour calmer mon cœur. Comme si pour l’instant j’avais rien à craindre, rien qui puisse me faire paniquer. Ça fait du bien. J’espère que ça va durer un peu cette fois. Histoire que mon corps puisse se reposer un peu.

Une heure encore avec cette aiguille dans le bras ? Ça devrait suffire à ce que je me repose. Elle me parle ensuite du fait qu'elle cherche le déclencheur de mes crises et je réfléchis un instant avant d’émettre une hypothèse. Le problème c'est quand on parle de mon avenir. Non ? J’ai vécu ces dix dernières années à vivre au jour le jour. Je ne sais plus ce que sait que de faire des projets et je me suis habitué à pouvoir m’acheter a peu prêt ce que je veux. Quand je le veux. C’est ça qui pose problème.

Les gens normaux n’ont pas peur de leur avenir au point de paniquer je m’en doute. Mais je ne vois pas vraiment ce que cela pourrait être d’autre. Mon passé sinon ? Ou alors mon présent ? Le fait d’avoir fait des choses grandement répréhensibles ? Les regrets que j’ai pour les mauvais choix que j’ai fait ? Je ne sais pas vraiment si ce sont des déclencheurs possibles que je site ou juste ce qui me pose des problèmes, mais au moins je cherche une réponse à tout ça.

Elle me parle à nouveau d’hypnose et je me tourne vivement vers elle. Non ! Pas d’hypnose ! Raven, il y a des choses que je ne veux pas et ne dois pas révéler. L’hypnose est trop dangereuse pour ça. Je risquerais de parler de trucs qu’il ne faut pas. C’est pas contre toi, mais tout sauf ça. Je t’en supplie. Les regrets… je suis d’accord, mais les remords… là je ne le suis plus. Je n'ai pas de remord. La nuance est mince, mais c'est bien le cas. Sauf que je ne dis rien et prends juste ma tête entre mes mains.