J’avoue que je ne m’attendais pas à ce genre de réaction, mais ce qui est rassurant c’est que je reconnais là le tempérament de mon amie. Une fois la douleur de la gifle estompée et que les monsieur muscle sont sortie elle m’ordonne de la regarder en me tenant par les épaules. Je fuis tout de même son regard avant de céder. Je tremble toujours autant et ne garde que quelques secondes mon regard sur elle avant de jeter un œil à la pièce. Il va me faire descendre… il va me faire tuer… je veux pas mourir… je veux rentrer chez moi… il va me faire descendre…

Il va me faire tuer… même ici il pourrait… il va me faire descendre… Elle me force et la regarder et je me replie comme je peux sur moi-même. Elle aura beau me parler de ma fille, me dire que je suis en sécurité ici, je n’arrive pas à me retirer le visage du jeune latino qu’il a descendu. Et puis sa façon de me faire comprendre que ma vie ne tient plus à grand-chose. Que si je ne le rembourse pas je connaitrais le même sort. Pour autant que je sache un des employés ici pourrait bosser pour lui. Seulement toutes ces infos sont un peu trop pour mon cerveau. Alors je n’ai que ça en bouche. Il va me tuer…

J’essaye de me convaincre qu’elle a raison, mais impossible, c’est comme si je ne réfléchissais plus par moi-même. Si. Ici aussi. Il doit avoir quelqu'un qui travaille pour lui. Ou il trouvera. Il pourra m’avoir ici aussi… Je la laisse me mettre assit contre le mur, mais replie encore une fois les jambes contre moi. Elle me demande alors pourquoi est-ce que je le crains et là je lui répond sans même m’en rendre compte, en chuchotant. Je l’ai vue faire… c’est pas lui qui a tiré, mais il a donné l’ordre… si je le rembourse pas… il va me faire descendre de la même façon… il me l'a fait comprendre… il va me faire tuer, Raven… il va me faire tuer… et il peut le faire même ici.

Elle me dit que ses collègues sont trié sur le volet, mais j’ai du mal à me dire que je suis en sécurité ici. Je secoue la tête avant de reprendre. Il trouvera… il est plus dangereux que tu le penses… il pourra m’avoir ici aussi… Je ne parviens pas à me détendre, même quand elle me sert contre elle. Je tremble toujours et regarde avec appréhension la porte. Je l’entends dire que je le rembourserai quand je pourrais et que de toute façon je ne suis pas en état de le faire, ni même de sortir d’ici. Faut que je sorte d’ici… que je me mette en sécurité. Faut que je sorte… sinon il va me tuer…

Encore une fois elle me dit que je suis en sécurité ici. Je cherche à échapper à son emprise et regarde juste mes vêtements couverts du sang qui coulent encore du dos de mes mains. Je crains que ces fringues soient bonnes à jeter avec des tâches aussi importantes. Et puis ça prouve que je suis un danger pour moi. Je frotte alors frénétiquement mes mains pour essuyer le sang, mais cela n’a que pour effet que d’agrandir les plaies. Je sais qu’il y a encore plus dangereux… il travail pour eux… je vais me faire tuer… je vais me faire tuer… je veux pas crever Raven… je veux pas…

Raven change de position et il met alors impossible de continuer à frotter mes mains parce qu’elle les prends dans les siennes. Je me demande alors comment je vais pouvoir me sortir d’ici et elle propose de faire venir un autre médecin pour me soigner et regarder mon dos. Je secoue la tête de droite à gauche. Si il est avec lui ? J’ai pas confiance… je… Je ne finie pas ma phrase et recule un peu contre le mur comme elle me dit d’arrêté de dire que je vais mourir, sinon c'est elle qui me tuera. Non, pas toi… t’es mon amie… tu peux pas… tu peux pas vouloir faire ça. Je veux pas le croire… J’arrive à retirer mes mains des siennes et croises les bras comme pour le protéger comme j’entends encore les coups de feu qui ont tué le jeune…

Elle me dit alors quel médecin elle compte appeler, mais même si elle me dit qu’il est gentil, que je peux lui faire confiance, moi je ne le connais pas. Elle tends la main vers moi et se fait des plus gentille en passant sa main sur ma joue. Je dois lui faire confiance et aller avec elle. Je regarde alors la porte complètement effrayé et dans un premier temps je refuse de me lever. Finalement je hoche la tête et me redresse comme je peux en recroisant les bras assez vite une fois debout. Le monsieur muscle qui m’a accompagné plusieurs fois déjà nous accompagne. Je lui fait un peu plus confiance qu’aux autres. Une fois dans la salle dont Raven avait parlé, il m’aide à me déshabiller et à enfiler une blouse médicale le temps d'être soigné, pendant que mon amie fait appeler le médecin.

Je m’assoies sur le brancard dans la salle une fois que j’ai enfilé la blouse. Raven me dit alors que le médecin ne peut pas venir de suite, mais qu’il peut faire venir une interne qui se serait déjà occupé de moi. Elle me demande ce que je préfère et alors que je réfléchis je recommence à me frotter les mains. Cela ne dure que quelques secondes avant que je ne dise juste Je ne veux pas attendre… Le monsieur muscle se tourne vers Raven pour savoir s’il doit m’attacher ou pas sans doute. Pendant ce temps, moi je me demande qui pourrait bien monter. Je dois dire que je ne me sens pas vraiment rassuré, même si Raven est là.

Alors c’est le docteur Reagan qui va venir. Je suis un peu rassuré au final. Alors quand elle envoie le monsieur muscle l’attendre à l’ascenseur et qu’elle m’ordonne d’arrêté et de me coucher j’arrive un peu mieux à me calmer.

Finalement ça se passe plutôt bien. Je tremble toujours, mais j’ai réussi à rester relativement calme. Pour mon dos il y a pas de problèmes. Une prise d’anti-inflammatoire léger et il n’y paraîtra plus rien. Je la remercie comme elle repart. Maintenant le problème c’est que je suis toujours en panique. Même si je ne dis plus rien à Raven, ne voulant pas l’énervé.

Raven reste avec moi et le docteur Reagan puis s’approche enfin me demandant si ça va mieux. Je hausse les épaules. Physiquement ça va mieux, mais mon cerveau est toujours en mode paranoïa. Alors quand elle me parle de rejoindre une autre chambre pour me reposer je fais vivement non de la tête. Je veux pas dormir… c’est trop risqué de dormir ici… je suis pas assez en sécurité. Je dormirai pas… je veux pas… Le monsieur muscle revient après avoir raccompagné le docteur Reagan à l’ascenseur. Il reste un peu à l’écart, mais je vois bien qu’il est prêt à intervenir. Raven… je dois pas dormir, c’est trop dangereux pour moi… je vais me faire tuer si je dors… ils vont en profiter…

Je ne serais pas seul d’après elle. Raven restera un peu avec moi et ensuite une autre personne prendra la relève. Monsieur muscle acquiesce en venant m’aider à me relever. Il me conduit sans autre forme de protestation de ma part dans une autre chambre. Là il m’aide à m’allonger et nous laisse tranquille Raven et le temps que ma chambre soit remise en état. Il faut dire qu’il y a un peu de sang à nettoyer. Mais même une fois allongé et en présence de Raven je refuse de me laisser m’endormir et lutte de toute mes forces pour rester réveillé. J’ai peur, Raven…M’oblige pas à dormir… s’il te plait.

Comme toujours ma Raven se fait des plus rassurante. Elle pose sa mains sur mon avant-bras et me caresse le front en me demandant de me souvenir de la séance dernière. Elle a raison en me disant que mon corps n’est pas fait pour tenir. Parce qu’une fois que je ferme les yeux pour retrouver cet instant de paix que j’avais ressenti, je m’endors rapidement pour n’être réveillé que par une infirmière pour manger un peu, prendre mes médocs et retourner dans ma chambre. Il semblerait que Raven ne soit déjà plus là. Probablement entrain de se reposer chez elle avant son grand déménagement des deux prochains jours. En tout cas elle ne m’a pas menti. Monsieur muscle reste bien avec moi. Au moins jusqu'à ce que je m’endorme une nouvelle fois. Deux jours sans avoir Raven dans les parages… je sens que ça va être dur.

Le première était comme je le craignais. Terrible. J’ai refais une crise et je me suis retrouvé isolé et complètement attaché. La première matinée aussi d’ailleurs. Ensuite… ils ont augmenté la dose des anxiolytiques et les crises ont cessé. J’ai appris que Raven avait téléphoné pour prendre de mes nouvelles, mais je n’ai pas pu lui parler la première journée en raison de mon état et la deuxième parce que j’étais en pleine thérapie. La seconde journée… beaucoup mieux. Presque plus de paranoïa et surtout plus de crises. En tout cas rien d’incontrôlable. J’ai eu l’occasion de parler avec le chef de service qui m’a expliqué que lui et ses collègues avait posé comme diagnostic une dépression paranoïaque, mais qu’il verrait ça avec ma psy. Il m'a aussi parlé de la possibilité que mon internement volontaire devienne un internement forcé en cas de crise aussi violente que la journée précédente. Dans le cas contraire. Je devrais rester avec eux jusqu'à la fin du mois et ensuite je pourrais rentrer, toujours sous médicaments et avec un suivit régulier, bien sûr. Ce qu’il ne sait pas c’est que je risque d’aller en prison avant. Mais je vais faire en sorte de rester le plus calme possible. Et puis les médocs aident bien. Du coup le matin du retour de Raven je suis debout et prêt relativement tôt. J’ai hâte de discuter avec elle de tout ça.